Extrait du journal

Il fallait commencer par elle. Il fallait loger la famille ouvrière. Quand il s'est agi de cette fameuse « reconduction » de l'Exposition, qui devait coûter à notre budget malade 450 millions, j'écrivais ici même que, si l'on avait 450 mil lions à dépenser, il fallait absolu ment les consacrer au logement ou, vrier dans Paris. Cette question • du logement est peut-être le premier problème so cial. Elle a été très négligée depuis un demi-siècle et peut-être davan tage. Or, elle est une des causes de notre malaife. Résolue, elle aiderait à résoudre tant de difficultés dans la vie quotidienne, et par exemple à utiliser cette loi de quarante heures dont on commence à s'aper cevoir qu'elle peut engendrer des résultats désastreux, parce que les répercussions n'en ont pas été en visagées. La semaine de quarante heures apporte avec elle un loisir qu'il faut savoir utiliser. Pour la jeunesse, il y a le football, il y a les équipes de jeux. Mais pour les autres, pour les gens plus âgés, pour les tout-petits ? N'y a-t-il que la rue, le café ou le cinéma ? Cinéma et café, cela coûte et cela se calcule. sur le nombre. Tandis que, si l'habitation est claire et gaie, on est tenté d'y rester, quitte à y amener des ami?. Et si elle se con tinue par un bout de jardin, c'est un plaisir d'y faire pousser quel que chose. Là est le salut. Là est le retour au foyer, le goût du foyer, l'amour du foyer. Quand on a beaucoup voyagé, on rentre parfois chez soi avec une certaine mélancolie, venue de dis gracieuses comparaisons. Ainsi aije vu les banlieues de Stockholm, de Copenhague, de Hambourg, etc., offrir l'aspect gai et coloré de mai sons ouvrières, de jardins ouvriers qui caressaient le regard, et la ban lieue de Paris, au retour, ne peut...