Extrait du journal
tachés çà et là d'un lambeau de papier déchiré,^. Elles couchaient toutes deux sur uné paillasse qui grelottait dans un çoin. Du petit jour à la nuit, Cécile travaillait de ses mains, et quand s'allumaient les réverbères, lès bras engourdis, la poi trine oppressée, elle se'cachait, cuvant sa fatigue et se demandant si c'était cela la vie. . Louise chantait des refrains de"café: concert appris au hasard des rues. ' Un soir Louise sortit et ne . rentra pas. . . Cécile ï'àttendit toute la riùit, et toute ia journée du lendemain et toute la nuit encore. Puis elle reçut une lettre - et- deui louis. Elle pleura sur la lettre et ren ferma les deux louis dans un coin de mouchoir pour les rendre a sa sœur un jour de misère. Les mois succédèrent aux mois. La mansarde s'égaya peu à peu. Puis, Louise vint voir sa sœur. Cécile lui montra avec orgueil un lit en fer et une table, un pot do fleurs, un miroir, et dans une cage un pinson qui sifflait. — Tu couches là? dit Louise. Et elle fit monter sa sœur dans une voiture qui attendait à'la porte;'Elle montra à Cécile un appartement qui était fort beau et un monsieur qui était fort laid, des cristaux, des .tapis, du pa lissandre et du bois de rose, des glaces où on se voyait tout entière, des édredons où on disparaissait comme une fée dans un nuage de théâtre. Quatre ans après, Cécile rencontra un soir sur le boulevard une femme peinte et outrageant l'air par une forte odeur de musc. Elle reconnut cette femme. Son cœur se serra et elle pressa le pas. Une autre fois, elle l'aperçut encore buvant avec une hideuse.troupe dans laboutique d'un, marchand de vins.-' L'hiver fut rude, cette année-là. Il fallut redoubler de travail et la santé s'en était allée avec le soleil. Cécile toussait et la toux lui déchirait la poitrine. Les meubles furent vendus un à un. Puis, comme l'hôpital a été fait pour les pauvres, on porta Cécile à l'hôpital. Dans un lit, à côté du sien, une femme était couchée, hâve, d'une pâleur livide, déjà vieille. Cette femme criait et mon trait le poing../Cécile reconnut encore sa sœur. Toutes deux moururent le même jour, — parce que tout chemin mène à l'amphithéâtre....
À propos
Fondé en 1884 par Aurélien Scholl et Valentin Simond, L’Écho de Paris était un grand quotidien catholique et conservateur. Il était sous la coupe financière du célèbre homme d'affaires Edmond Blanc, propriétaire notamment de plusieurs casinos et hôtels de luxe à Monte-Carlo.
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