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L’Écho de Paris, 19 juillet 1895

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L’Écho de Paris
19 juillet 1895


Extrait du journal

Dans la morne clarté de l'aube terne et sombre, Voici que se retrouve à de lugubres bords, Sous le fardeau des jours courbant leurs fronts sans [nombre, La multitude immense et houleuse des Morts. Sur la berge déclive et ténébreuse ils errent, Graves, doux, résignés, sinistres ou hautains, €eux-là que réunit, et ceux que séparèrent Une même Fortune ou de divers Destins. Des regards qu'emplissait la tristesse de vivre. Contemplent sans frémir le fleuve illimité Et le.Sage d'un geste a déchiré le Livre, Voyant que tout est vain dans toute vérité. • : Pâles d'avoir tressé des guirlandes fanées, . , Dés doigts voluptueux au stérile courant ; Livrentles douces fleurs des joyeuses années, Et de%jeux dànsles flots se cherchent en pleurant. Les uns portent le miel des terrestres- abeilles Et des fruits mûrsdontlespàniersd'osiei'sorit lourds/ Mais un bras invisible à heurté les corbeilles Et la grappe pourprée échappe aux gestes gourds. Attestant la splendeur de leurs moissons superbes D'autres des bons étés tenaient les épis d'or., Quand un vent violent a dispersé les gerbes De patient labeur et d'inutile effort, Et l'éclat est terni des feux des pierreries Dont le rayonnement éblouissait les yeux, Et les lauriers sont morts et les palmes'flétries Que tressa le Destin sur les fronts glor.ieux. ' " Le hautain survenu qui porte des épées Est suivi par celui qui lève un noir tison ; À quel bûcher ravi et dans quel sang trempées Et pour quelle colêré ou quelle'trahison ? L'onde obsciire du Styx lave les claires lames Des glaives qu'empourpra la haine du tueur Et le souffle infernal éteint.la torche en flammes Que brandissait l'orgueil d'un bras dominateur ; Auxléthéennés eaux du fleuve taciturne Aspire celui-là qui courbe un front pâli Et-qui porte enfermée en l'argile de l'urae . ' La cendre du bonheur dont il cherche l'oubli. • Seule, uneOmbreau milieu.decesOmbresquehaiij tent L'horreur de ne plus vivre et quelque regret vain, Silencieuse, au sein de ceux qui se lamentent, Semble s'être absorbée en un rêve divin. Le grand veiit stygien qui chasse sur la rive Irrésistiblement par l'aride chemin De ces âmes sans nom la troupe fugitive N'a pu flétrir la fleur qui frémit dans sa main. Et quand la sombre barque aux avirons funèbres L'entraîne pour jamais vers les lieux sans retour, Elle respire encor, souriant aux ténèbres, L'impérissable fleur que lui cueillit l'Amour ! HENRI DE RÉGNIER....

À propos

Fondé en 1884 par Aurélien Scholl et Valentin Simond, L’Écho de Paris était un grand quotidien catholique et conservateur. Il était sous la coupe financière du célèbre homme d'affaires Edmond Blanc, propriétaire notamment de plusieurs casinos et hôtels de luxe à Monte-Carlo.

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