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L’Écho de Paris, 20 janvier 1892

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L’Écho de Paris
20 janvier 1892


Extrait du journal

Le clan des Coquelin, avant dé partir pour l'Amérique, part en guerre. Au gou vernement le gant est jeté. On a lu hier dans l'Echo de Paris les termes du cartel < Coquelin aîné sera décoré ou la maison de Molière encore une fois verra le chef de la tribu comique s'éloigner pour de lointains pays où l'on fait le commerce fructueux des jambonstrichinés. Coquelin aîné, Coquelin cadet et le culot des Coque lin secoueront donc la poudre du cothurne et, du pont du steamer voguant vers la terre des dollars, maudiront leur ingrate patrie. Voilà une 'nouvelle attristante. Jamais l'on n'a senti davantage le prix de l'étoile des braves qu'en songeant qu'un décret, un tout petit bout de décret tombant de la plume du président de la République, nous permettait de conserver tous ces Coquelins. A quoi donc a pensé M. Carnot? Déjà dans la presse on épluche ses choix, on discute les titres des candidats qu'il a préférés et l'on a failli subir une interpellation de Gustave-Adolphe Hubbard ! Tout cela pour un morceau de ru ban rouge qu'on mesure à Petruccio ! Vraiment le chef de l'Etat aurait dû ré fléchir avant de ne pas signer. Qu'importe que des gens de vrai mérite demeurent bouche bée, devant l'Officiel muet, ne trouvant pas leurs noms dans la colonne des élus ? Que peut nous faire l'amertume de tel personnage qui s'est cru sur delà promesse d'un ministre ? Est-ce que les légitimes doléances d'un grand artiste comme Desboutins, dont hier nous consi gnions les espérances déçues lors de son grand succès à l'Exposition de 89, mé ritent qu'on s'y arrête ? Si quelque part, dans les casernes ou au fond de tribunaux obscurs,, de vieux servitëurs de la loi ou du drapeau maugréent et pestent contre le peu de cas qu'on fait de leurs blessures, .de leurs infirmités contractées dans le maniement du sabre ;des batailles ou du glaive des lois, — tout 'ce concert de vaines clameurs est-il fait pour préoccuper? Le président de la Répu blique, n'a donc pas lu le décret qu'on lui présentait à signer? Avant de mettre son nom au bas, ne devait-il pas d'abord de mander: Où est Coquelin? Pourquoi le nom de Coquelin n'est-il pas là sous ma plume, au premier rang? Est-ce qu;il n'est pas évident qu'en rayant un des heureux qu'on lui faisait •faire, le président ne s'attirait que le mécontentement d'individualités plus ou moins pourvues de mandats. Il trouvait la compensation de l'animosité du candi dat écarté dans la satisfaction qu'il don nait à tous les collègues et concurrents de ce postulant sacrifié sur l'autel des Co quelins. En matière de décoration, il y a deux grandes satisfactions : d'abord, quand on est décoré soi-même, ensuite lorsqu'on apprend que son voisin ne l'est pas. En raturant le nom d'un préfet ou d'un président, M. Carnot comblait de joie tous les titulaires de préfectures, tous les...

À propos

Fondé en 1884 par Aurélien Scholl et Valentin Simond, L’Écho de Paris était un grand quotidien catholique et conservateur. Il était sous la coupe financière du célèbre homme d'affaires Edmond Blanc, propriétaire notamment de plusieurs casinos et hôtels de luxe à Monte-Carlo.

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