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L’Écho de Paris, 22 février 1932

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L’Écho de Paris
22 février 1932


Extrait du journal

8 h est de notoriété publique que le théâtre, en France, agonise. Le cinéma parlant, la T. S. F., la vogue des spectacles sportifs, l'au tomobile, ont, peu à peu, clairsemé les spectateurs dans les salles où des acteurs en chair et en os prétendent encore jouer la comédie ou chanter l'opéra. En province il n'y a pour ainsi dire plus de théâtres réguliers. A Paris nos scènes résistent encore, mais leur situa tion est critique. Le Parlement lui-même, bien que les questions artistiques le laissent d'ordi naire complètement indifférent,, oui, le Parlement lui-même a fini par s'émouvoir. Et, à défaut d'une, aide _ précise,, il a promis aux directeurs de théâtres d'es sayer, dans un avenir prochain, de ré duire les taxes écrasantes qui frappent l'art dramatique. Mais — et c'est là où l'on peut, une fois de. plus, s'étonner de l'inconséquence de nos législateurs — dans le même temps où la Chambre des députés pro digue les promesses au ^Théâtre, elle lui porte un coup qui risque d'être fatal. Voici, en effet, ce que, dans une séance du matin, en présence de quelques hono rables mal réveillés, la Chambre des dé putés a voté, l'autre jour : « Une caisse de retraite des exécutants du spectacle, artistes et musiciens, est créée. Elle sera alimentée par un nouvel impôt perçu sur le prix des places. » Ainsi, tout ce qu'on ■ a trouvé pour ai der le théâtre à sortir victorieusement de la crise, c'est une taxe nouvelle qui vien dra s'ajouter à toutes celles dont le théâ tre est déjà accablé. Il est beau, il est généreux de vouloir assurer la vieillesse des exécutants du spectacle. Mais en acculant les directeurs à la fermeture, c'est l'existence même des exécutants qu'on met en péril. Gribouille lui-même n'aurait pas trouvé mieux... Et l'on peut être certain que les innom brables chômeurs de la scène et de l'or chestre aimeraient mieux avoir tout de suite* du travail grâce à tin regain de vogue et de prospérité du théâtre, qu'une pension lointaine et problématique basée sur la location de fauteuils qui resteront hélas, sans doute inoccupés. Prospër....

À propos

Fondé en 1884 par Aurélien Scholl et Valentin Simond, L’Écho de Paris était un grand quotidien catholique et conservateur. Il était sous la coupe financière du célèbre homme d'affaires Edmond Blanc, propriétaire notamment de plusieurs casinos et hôtels de luxe à Monte-Carlo.

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