Extrait du journal

Quelle atroce nouvelle ! Notre cher Lasteyrie, alité depuis plusieurs jours, a été foudroyé par une embolie. Rien ne laissait prévoir une fin pareille. Je lui avais rendu visite il y a peu de temps et nous avions longuement bavardé ensemble des événements qui nous angoissent tant. Auprès de lui, j'aimais toujours recueillir des conseils' que je savais dictés par l'expérience, une culture profonde, une grande sagesse, une compréhension indulgente des. hom mes. Je devais le revoir samedi soir, mais j'en avais été empêché, et c'est hier matin, au moment où • j'ai lais décrocher le téléphone pour lui .demander un nouveau rendez-vous, que j'ai appris sa mort. J'en ressens un vrai désespoir. J'aimais Lasteyrie. Je l'estimais et je l'admirais. Je le suivais. Avec lui, j'avais travaillé avec acharnement à la préparation des élections de la région parisienne. Et en songeant aujourd'hui à la peine qu'il s'est donnée, à l'effort énorme qu'il a fourni comme « président du comité d'arbitrage », je me demande si ce n'est pas sous cette tâche acca blante, accomplie avec ' tant de dé vouement et tant de cœur, qu'il a! succombé. Charles de Lasteyrie était un des meilleurs chefs des partis nationaux,-: une de leurs plus jolies intelligences. Il était un parlementaire de l'ancien temps, attaché aux traditions et pas sionnément libéral.. Mais il avait une trop claire vision de l'évolution des choses pour ne pas avoir discerné la décadence définitive des institutions et leur fin prochaine. Comme beau coup d'entre nous il cherchait les voies nouvelles et il les cherchait dans l'ac tion, sans négliger les luttes de tous les jours, sans abandonner les champs de bataille La disparition de ce bon et grand Français, survenant en ces heures de...