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L’Écho de Paris, 30 juin 1891

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L’Écho de Paris
30 juin 1891


Extrait du journal

(Un lit de malade dans un hôpital — celui où se trouve le chirurgien dont M. Corail a révélé les expériences à l'Académie de médecine. —Des élè ves attendent que le maître commence à opérer.) Le chirurgien. — Nous allons, messieurs, enlever la jambe droite qui est atteinte de gangrène. Veuillez tout préparer... Oh ! oh ! il me vient une idée géniale... Endormons d'abord le sujet... Bon! J'ai l'intention, mes sieurs, de tenter une opération qui n'a jamais été pratiquée par aucun chirurgien et qui sera l'honneur de notre époque, si elle réussit et même si elle ne réussit pas. Cet honneur vous le partagerez, car vous m'aurez aidé et soutenu. Non-seulement je vais couper la jambe droite, mais aussi je vais couper la gauche et mettre la gauche à la place de la droite et réciproquement. J'ai tout lieu de croire qu'il n'en faudra pas davantage pour soulager ce malheureux. En tous cas, si le ré sultat n'est pas celui que nous espérons, nous aurons ouvert une voie nouvelle à la chi-: rurgie, ce qui est l'essentiel. Un élève.—Admirable! Le chirurgien. — En résumé, cette opé-. ration est simplement ce que les danseurs ap pellent le passage de là jambe. (Rires parmiles élèves) Maintenant commençons. (Il coupe les deux jambes) Tiens ! tiens ! tiens ! mais si au lieu de ce passage de jambes qui est, au fond assez banal, nous échangions les , ambej? et les bras..v par exemple... le bras droit avec la jambe gauche et le bras gauche avec la jambe droite. (Murmures d'admira tion.) Insistez sur le chloroforme, Messieurs, que le sujet ne s'aperçoive de rien. (Il coupe les deux bras.) Tâchons de ne pas confondre tous ces membres et rangeons-les par ordre. Un élève. — Mon cher maî tre ? Le chirurgien, — Quoi donc? , L'élève. — 11 est mort. Le chirurgien. — Vous plaisantez... (Il examine le malade). C'est ma foi vrai ! Nous venons,mes chers élèves, dé faire faire un grand progrès à la science. On se demandait depuis longtemps, si la greffe des membres les uns à la place des autres, était possible. Grâce à vous, grâce à votre concours éclairé, nous savons aujourd'hui qu'elle ne l'est pas. Con tinuons nos intéressantes expériences... (II. passe à un autre lit.) 6BAINWRGB....

À propos

Fondé en 1884 par Aurélien Scholl et Valentin Simond, L’Écho de Paris était un grand quotidien catholique et conservateur. Il était sous la coupe financière du célèbre homme d'affaires Edmond Blanc, propriétaire notamment de plusieurs casinos et hôtels de luxe à Monte-Carlo.

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