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L’Écho de Paris, 30 octobre 1899

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L’Écho de Paris
30 octobre 1899


Extrait du journal

faire meilleure. Pour moi, ce n'est pas en laissant se détruire ses illusions qu'on anne l'enfant pour ia vie. Ce serait plu tôt en les prolongeant. En tout cas, et je reviens à toi, pauvre fillette, pauvre potit « rat » qui te tues à treize ans 1 — on pourrait les défendre mieux des dan gers de certains milieux. C'est ainsi que j'ai l'horreur de cet usage, grandissant chez nous, d'employer les enfants dans les théâtres. Je sais bien que ceci plaît au public, qui s'amuse de la gentillesse de ces petits cabotins,. sans parler des joies moins pures de quelques vieux messieurs. Je sais bien encore que les enfants au théâtre' — on en met partout — arrivent à gagner quelques sous et viennent ainsi en aide à la misère de leurs parents. Mais, si on défend aux enfants la mine et l'ate lier, pourquoi leur permettre le théâtre? Moins brutal, moins grossier, le milieu leur est-il meilléur? Pour les petites filles notamment, quel trouble dans leur imaginationJ Quel danger que ce monde brillant et mensonger? Je crois bien qu'en soi le théâtre est un aliment social important et bon, si loin qu'il soit de ses origines na tionales et sacrées. Mais, de même qu'on ne fait pas trop boire aux enfants d'un vin même généreux, il ne faut les mettre qu'avec précaution en présence du men songe de la vie ou de ses réalités mêmes. C.'est vraiment à faire frémir d'entendre des enfants qui parlent comme s'ils avaient fait le tour des choses ! Et, dans ce manque de précautions qu'on a contre la curiosité précoce des petits êtres, on ne tient pas compte assez de la sensibilité de quelques-uns? Cette sensibilité est sou vent extraordinaire.Ne faut-il pas qu'il en soit ainsi pour que nous arrivions à voir, comme aujourd'hui, cette chose qui n'est plus à nous trop étonner, des enfants qui vont à la mort volontaire comme de malheureux désespérés ou de vieux stoï ciens résolus ? COLOMBA....

À propos

Fondé en 1884 par Aurélien Scholl et Valentin Simond, L’Écho de Paris était un grand quotidien catholique et conservateur. Il était sous la coupe financière du célèbre homme d'affaires Edmond Blanc, propriétaire notamment de plusieurs casinos et hôtels de luxe à Monte-Carlo.

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