Extrait du journal

cheminée, pour ne pas en perdre l'habitude. Mais, en Angleterre, où la presse n'accepte pas de consignes, la ru brique des faits divers et celle des tribunaux occupent dans les feuilles autant de place que chez nous, et les gens qui plaident en divorce ont le désagrément de ne pouvoir pas, selon le sage conseil de Na> poléon, laver leur linge sale en fa mille. C'est ainsi que lors d'un procès trop fameux, dans les dernières années du dix-neuvième siècle, les journaux de Londres furent, durant plusieurs semaines, remplis de tel les horreurs que les pères ne sa vaient plus où les cacher pour en dérober la lecture à leurs fils, même majeurs. Mais alors un éditeur de génie fit afficher sur tous les murs que son journal était le seul où ne parût aucun compte rendu, in extenso ou sommaire, du vilain pro cès, et son tirage augmenta aussi tôt dans des proportions folles, tandis que celui de ses confrères tombait. Est-ce que cela ne pourrait pas servir d'utile indication ? Qui sait siile public français ne souhaiterait pas aussi d'être respecté, après avoir souhaité un peu trop long temps de ne l'être pas ? On pour rait toujours essayer... ABEL HERMANT, de l'Académie française....