Extrait du journal

Voyant Puck, sylphe persifleur, Se baigner tout nu dans un pleur De rosée au bord d'une fleur, Je pris sa robe d'or, tombée, (On eût dit la verte flambée D'une armure de scarabée), Et : « Puck, fis-je, me connais-tu ? — Certes, répondit-il, vêtu, Pour peignoir, d'un demi-fétu; Vous êtes le parfait modèle Des sots qui, sans un baiser d'elle, Se meurent pour une infidèle. — Laissons cela, sylphe subtil 1 Ta robe d'or et ton tortil, Tu les auras si... — Si? dit-il. — Si tu m'obéis, sylphe espiègle l Ecoute. L'hirondelle et l'aigle Volent selon l'antique règle ; Et les blancs oiseaux, qui, premiers, Furent du baiser coutumiers, Volent, colombes et ramiers* Et les rossignols doux et sombres Changent de branche, et dans les ombres Les corbeaux planent aux décombres, Et la pâle mouette sur un Flot, de l'énorme Océan brun S'ouvre et palpite dans l'embrun, Et les grives de vigne en vigne Se grisent, et jamais le cygne Au même azur ne se résigne, Et toujours vole, amaryllis, Mirtil, eudore, vers les lys, Le papillon, ou vers Phyllis, Tandis qu'aux célestes banlieues . L'ange vole à travers des queues De comète aux étoiles bleues ! Or,'comprends, Puck, sylphe très fin, Qu'insecte, oiselet, séraphin, Les ailes sont lasses enfin ; Et je veux qu'un jour se repose Tout ce qui voletait sans pause ! » Puck me dit : « Tu veux peu de chose. » Ce fut un miracle- charmant I L'ange dans l'infini dormant / Devint astre de diamant ;,...