Extrait du journal

On a épuisé à l'avance pour cette séance tous les qualificatifs : décisive, historique, dramatique. Mais comme, à la Chambre, les personnages sont toujours les mêmes et que le décor ne se renouvelle pas, le drame n'ap paraît qu'en de rares moments. H ne devint vraiment poignant qu'à -la fin de l'après-midi, quand le problème fut posé dans toute son ampleur et que l'immense portée du débat apparut enfin à tous les yeux. En fait, cette séance dramatique commença par être surtout ennuyeuse. , Le seul élément un peu émouvant du début était l'incertitude. Les actions du gouvernement Flandin montaient et descendaient d'une manière verti gineuse à la Bourse des couloirs. Des augures réputés prophétisaient : « Le sort du ministère dépend des absten tions. » Et chacun de chercher sur la liste des groupes les noms de ces dé putés providentiels qui, dans .quelques heures, n'auront peut-être pas d'opi nion sur les pleins, pouvoirs et sur la dévaluation du franc... - » Quant au ' public des tribunes, il n'avait, dans sa grande majorité, qu'un désir : voir, au petit matin, le gouvernement s'abattre comme un taureau de corrida. Il est doux, en parlant plus tard d'un chambarde"ment historique, de pouvoir dire : « J'y étais ! » Au banc des ministres, une place...