Extrait du journal
paroisse est mal délimitée entre celles qui l’environnent, j’ai beau coup d’ouailles qui vont parfois s’abriter aux berça ils voisins. «« Après cela, que voulez-vous ?... Dès que le temps est un peu brumeux ou pluvieux comme au jourd’hui, nos gens hésitent à se mettre en route. Les mères de fa mille chargées d’enfants ont bien quelquefois des excuses quand clics manquent d’exactitude à la messe du dimanche. «i Mais les enfants sont mon espé rance. J’ai quatre années de caté chisme, qui me prennent tous les jours y compris le dimanche. Le dimanche c’est le jour des plus petits ; vous avez entendu «pie j’ai annoncé leur catéchisme pour une heure de l’après-midi. Alors, après la messe, ils ne retournent pas chez eux. On Fs fait dîner ici. Venez les voir. » Et je vis, en effet, dans une salle île patronage, une cinquantaine de bambins et de fillettes près de «pii s’activaient des jeunes filles... Le petit tableau était charmant. — « Voilà, dit M. le Curé ; ils apportent un petit repas froid, et nous leur donnons la soupe chaude. Les parents versent, dix ira ns pour la saison. — « Voyez-vous, ajouta-t-il en re venant, je voudrais atteindre mes gens par des services pratiques. J’ai installé ici des sœurs gardesmolades, dans une maison que j’ai fait reconstruire et. qui m’a coûté fort cher. C’est l’œuvre pour laquelle, présentement, je donne le plus gros effort... « Mais j’ai d’autres projets, pour plus tard... je songe à un syndicat de brliage, à une laiterie coopéra tive. il y a ici des jeunes de trente ans qui sauront eu assurer la direc tion et le fonctionnement... « Ma petite industrie, c’est de me tenir soigneusement au courant des prix du bétail et de tous les produits agricoles. Non pas pour donner des conseils, dont mes paroissiens n’au raient que faire, mais pour leur montrer que je m’intéresse à tout ce qui les intéresse eux-mêmes. » Un esprit — « Je suis bien reçu partout, ajouta-t-il.L’hoslilité contre le prêtre n’existe pas chez nous. D’ailleurs, nous avons fait quelques petites conquêtes... Le café du coin de la place était tenu autrefois par un « rouge ». Aujourd’hui, c’est un des jeunes de mon Cercle qui en est le propriétaire. « Le maire est un ancien institu teur... Il est, charmant à mon égard. Il va deux ans, lu commune a fait réparer la toiture de l’église ; l’année prochaine, un réparera l’in térieur. Quand je demande quelque chose, je n’obtiens jamais absolu ment tout, mois j’obtiens toujours quoique chose... 11 suffit de le sa voir, n’est-ce pas, et je demande en conséquence. « Les instituteurs sont charmants aussi. Pas de difficultés pour les catéchismes. Un m’envoie mes en fants de chœur toutes les fois que j’en ai besoin. « Mais, sincèrement, je crains pour eux qu’ils ne soient en train de perdre lentement la sympathie de nos paysans. Car nos paysans observent et comparent ; ils réflé chissent et parfois ils parlent. « Tenez, je suis seul ici, et il y a neuf instituteurs ou institutrices, pour les deux écoles du bourg et «leux écoles de hameau.Ils reçoivent au total 150.000 francs de traite ments. On vient de construire une école qui a coûté près d’un million, ci «pii n’était, pas indispensable... Cette construction a été faite par des entrepreneurs et des ouvriers entièrement étrangers. Pour la mai son de mes gardes-malades, je n’ai employé que des gens du pays, quelles que fussent leurs opinions. « Les paysans comptent tout cela; ils comptent que l’argent que j’ai «piété est resté dans Je pays, tandis «jue la cons truc lion de l’école ne se traduira pour éux qu’en augmenta tion d’impôts. L’un d’eux, l’autre jour, disait, à propos de celte école et de la maison des gardes-malades, que celle-ci avait coûté beaucoup moins cher que l’autre, et qu’elle rendait beaucoup plus de services. Il avait tort assurément, car l’école est indispensable... Mais c’est là le signe d’un état d’esprit. « Nos paysans comptent aussi le nombre et ia durée des journées de travail des instituteurs... Et voici un autre mot que j’ai entendu l’autre jour. Un instituteur passait on auto ; et quelqu'un disait sur son passage : Autrefois, le roi du village c'était la curé ; maintenant, c'est l'instituteur. Nous n'avons pas gagné au change. « Je ne dis pas cela pour m’en réjouir, concluait ce bon curé. Encore une 'fois, .nos instituteurs sont, do très braves gens dont je n’ai qu’à me louer. Mais, voyez-vous, tout compte fait, il est bon pour nous d’être pauvres. Et je crois de plus en plus que le meilleur pro gramme d’apostolat, c’est le dé vouement et la charité... J’avais deux cents personnes ce matin à la messe ; mais il n’y a pas Irois ans que je suis ici. J’espère bien, «lans cinq ans, avoir quintuplé mes fi dèles. »...
À propos
Lancé en 1922, L'Écho de Rive-de-Gier était un journal hebdomadaire de la région auvergnate. Il proposait à son lectorat un compte rendu impartial de tout ce qui avait cours dans les communes de la Loire. Le journal disparut au mois d'août 1944.
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