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L’Écho des gourbis, 1 septembre 1915

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L’Écho des gourbis
1 septembre 1915


Extrait du journal

Le berger, dans son ignorance, (Quand on est chien est-ce qu’on sait?) Croyait, en bon toutou de France, Que tous les chiens étaient français. Quelle rage, étant à la guerre, D’apprendre ainsi soudainement Qu’il existe sur cette terre Des bergers qui sont Allemands ! Quel coup et quelle honte amère! Il les broierait avec ses dents ! Mais le berger a mieux à faire : Le tambour est là qui l’attend. Pour la vie de son maître il tremble, Il le veille les jours, les nuits. Quand on est à la guerre ensemble, On s’aime encor mieux qu’au pays. On se bat tant que le jour dure, Et, le soir, avant de dormir, Pour ne pas sentir la froidure, On cherche un peu à se blottir. Le petit tambour fait un songe : Il revoit son pays, son toit. Le chien tout contre lui s’allonge, Pour qu’en dormant il n’ait pas froid. Sous la chaleur du chien Adèle Qui pénètre en lui peu à peu, Le tambour, oubliant qu’il gèle, Rêve qu’il est au coin du feu. Il voit sa fiancée sourire. C’est la plus belle du hameau. ... Et le chien, qui tout bas soupire, Rêve à la chienne du bedeau. Dans son jargon il lui raconte Toutes ses joies, tous ses ennuis, Il lui dit que c’est une honte Ce que font les chiens ennemis....

À propos

L'Écho des gourbis est un journal de tranchées publié pendant la Première Guerre mondiale par le 131e régiment d'infanterie territoriale. Dirigé par Jules Lafforgue, poète, journaliste et écrivain, et Franc Malzac à la direction artistique, il aura pour supplément le Certificat de marraine créé par L'Écho des Gourbis

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Données de classification
  • benech
  • jean gazes
  • depolie
  • roques
  • chatonet
  • jean de la rocca
  • france
  • bordeaux
  • ay
  • paris