Extrait du journal

EFFETS DE GRÈVE Les chefs socialistes ont une réelle qualité : ils défendent leurs troupes ; ils ne laissent molester aucun de leurs soldats. Sans examiner si ceux-ci ont tort ou raison, ils vont trouver les grandes auto rités pour leur signifier qu’on ne touche pas aux camarades ; les camarades, c’est sacré 1 Que ceux-ci lapident quelques officiers, démolissent quelques gendarmes, démontent les côtes de quelques patrons, ce sont détails négligeables qui ne peuvent ébrécher le droit du gréviste. Ce droit domine tous les autres droits en République, et les gouvernants ne peuvent espérer conserver le pouvoir qu’à la con dition expresse de le faire respecter dans son intégralité, envers et contre tous. A Longwy on compte 65 0/0 d’Italiens dans les révoltés, dirigés par le docteur Gavalazzi ; peu importe la mission qu’est venu remplir cet Italien, qui n’a pas fait moins de cinquante conférences avant d’obtenir que ses compatriotes livrassent l’assaut à l’usine. L’internationalisme ne connaît pas de frontières ; les patries sont du vastes « blagues », les Italiens sont, aussi bien que les Allemands ou que les Juifs, abso lument chez eux en France. C’est forts de ces doctrines que Jaurès, Sembat, Rouanet et Meslier se sont rendus auprès de M. Etienne et lui ont signifié qu’il ait à se conformer, et dans le plus bref délai, au programme républicain, et luis estempresse d’envoyer un communiqué à VAgence Havas; on y trouve l'assurance que le ministre de l’intérieur va essayer, par tous les moyens, de faire entendre raison à la horde italienne de Cavalazzi sans la froisser. Ce qu’on raconte de cette négociation -prouve que la Lanterne n’exagère pas quand elle écrit : « Le ministère Bouvier est le prisonnier » du Bloc. Il taut que les réactionnaires, » progressistes, nationalistes ou cléricaux » en prennent leur parti. » Toute la question est là, en effet : les réactionnaires prendront-ils leur parti de cet abaissement? Si oui, la France devient irrémédiablement la proie de l’interna tionalisme. On se rappelle ce fameux Maxence Roldes, agitateur révolutionnaire et antimi litariste, dont la spécialité était d’aller jeter de l’huile sur le feu dans les grèves et de les transformer en insurrections. Son rôle à Montceau-les-Mines, notam ment, est resté célèbre. Eh bien ! savez-vous ce qu’est devenu ce personnage? Vous ne devineriez jamais : Maxence Roldes est secrétaire de M. Berteaux, ministre de la guerre. Il y a quelques jours, on l’a vu repa raître à Montceau-les-Mines, où il a fait une conférence. Au cours de celle-ci, il s’est défendu d’être « attaché au ministère de la guerre ». Il n’est, parait-il, attaché qu’au ministre de la guerre ! Il a ajouté : Je ne porte aucune chaîne et n’ai aucun dolman sous mon veston, et le serais-je que je serais en droit de vous demander où serait le mal. Je connais des libertaires comme Fénéon et Gros, que j’estime beaucoup du reste, qui ont été, le premier rédacteur officiel au j ministère de la guerre, le second chef du...