Extrait du journal

Les frais de conquête, d’occupation et d’organisation du Tonkin, de l’Annam, du Cambodge, de Madagascar, du Congo, entreprises coloniales désastreuses, qui, sans profit actuel ni à venir, ont déjà coûté à la France 775 millions et la vie de plus de 10,000 de ses enfants tombés sous le feu de l’ennemi ou décimés par les maladies, dont n’a pas su les garantir l’incurie de l’administration républicaine. Une détestable situation financière ne pouvait qu’engendrer une mauvaise situation industrielle et agricole, singulièrement aggravée d’ailleurs par les inégalités du tarif douanier voté en 1881 et des traités de com merce conclus en 1882. De 1872 à 1876, nous vendions à l’étranger autant qu’il nous achetait, avec un léger excédant même de 108 millions par an au bénéfice du producteur fran çais. De 1880 à 1884, nous avons dû payer à l’étranger 1,328 millions de plus par an que nous ne lui avons vendu. De 1852 à 1879, la valeur de la terre avait, d’après les documents officiels, progressé de 27 milliards en capital. Aujourd’hui ces mêmes documents constatent que non-seulement les 27 milliards d’accroissement sont perdus, mais encore que les prix de vente et de location sont tombés au-dessous de ceux relevés en 1851. L’hectolitre de blé était coté en moyenne 20 fr. 59 en 1876 ; il ne l’est plus que 16 fr. en 1885. En joignant aux dépenses de l’Elat celles des dé partements et des communes, la charge annuelle des contribuables atteint en France 111 francs par tête, et dans ce calcul entrent, chacun pour 111 fr., qu’on le remarque bien, tous les membres de la famille, enfants, femmes et vieillards aussi bien que travailleurs valides ; c’est, pour chaque tête, 29 francs de plus qu’en 1875; c’est le double et plus de ce que paient par tête les autres peuples du continent. ÉLECTEURS ! à vous d’apprécier et de choisir Entre ceux qui, lorsqu’ils ont quitté le pouvoir en 1876, avaient réparé les désastres de l’invasion et de la guerre civile, assuré l’équilibre du budget, ouvert l’ère des dégrèvements, Et ceux qui, en huit années de pleine paix, ont, par leurs prodigalités aussi stériles que criminelles, aug menté nos dépenses annuelles de 1,100 millions, soit de 650 millions de plus que ne produisent les recettes, et rendu nécessaires, si vous n’y mettez ordre, un nouvel emprunt de près de 2 milliards et 200 millions de nouveaux impôts....