Extrait du journal

courage, et quand mon père arriva , mes craintes redou blèrent et je n'osai jamais me jeter b ses pieds pom implorer mon pardon. Il m'avait toujours tenue b une telle distance de lui que sa présence me rendait tremblante. — l'eu de après il sut ma faute par des lettres tombées entre ses mains. Il courut aussitôt cher M.***,le provoqua rudement, et un duel h mort fut résolu ; mon père m’enferma , et j'appris tout malgré ses précautions. Les remords et l’hu miliation m'assaillirent b la fois Je devins folle de douleur! Comment soutenir les regards courroucés de mon père ?... . La tête perdue je m’enfuis de chez moi, errante b l’aventure; je me réfugiai ici, j'y ai trouvé une hospitalité d'autant plus généreuse que jamais une question incÿscrète ne m'a été adressée. — Cette femme parait avoir deviné mes souffrances et craindre de les entendre. -- Depuis trois semailles je cache mes pleurs et l’opprobre de ma vie, attendant la fin de mes maux. — Dieu parait avoir en tendu mes vœux, car je le sens, le terme de ma carrière approche. -- Voilà r Monsieur, mou crime ; sans vous con naître, j'ai éprouvé le besoin de me confier à vous: vous êtes pour moi le prêtre qui assiste le mourant; vous devenez le but de mes dernières espérances, la seule consolation que j'osasse demander au ciel avant de quitter la terre. Je devais confesser ma flétrissure aux yeux des hommes. Ce châtiment me sera-t-il compté plus tard ? A ces mots elle s'arrêta accablée de fatigue et d'émotion; je la considérai avec inquiétude; mes yeux semblaient l'interroger' sur le service qu'elle réclamait de moi Elle me comprit et continua bientôt ainsi : — Il vient de me naître une fille, Monsieur. — A elle seule maintenant mes pensées !.... Car pour moi, je suis réprouvée, je n'ai plus rien à demander au monde ; la mort même est une faveur que je n'aurais pas osé solliciter. Quel sort attend mon enfant ? Orpheline, elle n'aura jamais' connu son père ni sa mère. — - Qui lui en tiendra lieu ?...