Extrait du journal

Remettre la Pyramide sur sa base par Pierre TAITTINGER, Député de Paris e suis de ceux qui suivent avec intérêt l'effort du Gouvernement de Vichy. Je suis également de ceux qui font confiance au bon sens et à l'esprit magnifiquement équilibré du Maréchal Pétain. Mais à l’heure actuelle, je trouve qu’il y a beaucoup « d’ouvriers de la onzième heure », et trop nombreux, à mon gré, sont ceux qui font leur mea culpat, non sur leur poitrine, comme ilcon viendrait, mais sur celle des autres... Spectacle singulier en vérité : nos idées sont reprises par les uns, commentées par le plus grand nombre, certains même sont plus hardis, et vont jusqu’à en revendiquer la paternité exclusive ! Communistes repentis, socialistes dissidents, radicaux-francs-maçons, ont oublié les uns et les autres, leurs fautes passées; ils sont tout prêt à traiter de relaps et d’héretiques, ceux qui paraîtraient manquer d’enthousiasme, et qui pourtant, dans leur existence, sont toujours restés fidèles à l’idéal national et social. Ce spectacle offense nos yeux, certaines déclarations irritent nos oreilles, mais lout bien pesé nous ne cherchons querelle à personne. Si nous nous permettons d’écrire celà c’est pour en arriver, en fin de compte, à souligner l'ardeur des néophytes, et à constater avec satisfaction le nombre des ralliés ». Nous avons longtemps prêché dans le désert ; il nous est arrivé mainte fois de nous adresser à des foules hostiles, maintenant que tout le monde, en France, a fair d’être de notre avis, nous ne vou drions pas encourir le reproche de faire les cavaliers seuls, ou d’être d’éternels mécontents 1 Il y avait autrefois ce que l’on appelait « l’adresse au Trône », nous remplacerons cela, si vous le voulez bien par un « Message au gouvernement de « Vichy», persuadé qu’il saura nous entendre, nous comprendre, et nous espérons même nous exaucer. Le bon sens de nos campagnes a conservé un vieux dicton au terme duquel on ne doit pas mettre la charrue avant les bœufs. De même il ne faut pas parler de rénovation, et encore moins de révolution nationale, si on n’a pas remis, au préalable, ce que nous appellerons la pyramide sur sa base. Faire une politique nouvelle, remettre la Famille, la Patrie, le Travail à l’honneur, tout cela est très bien, à l’occasion de la rentré des classes, faire adresser par le maître à ses élèves, un commentaire sur les paroles marquées au coin du plus pur bon sens, du Maréchal Pétain, bravo... mais quels inter prètes a t-on choisis 1 Quel est le maître qui sera chargé de développer dans les jeunes cerveaux la se mence lancée par le Chef d’ritat Français? Le môme interprète que celui qui était naguère aux ordres du front populaire chargé de faire connaître à travers le pays les mots d’ordre du chambardement social. Presque tous les instituteurs anti-patriotes, naguère aux ordres de la maçonnerie, et de « La li gue des Droits de l’Homme et du Citoyen, » ont repris leur pupitre, et réintégré leur poste. Les apologistes du drapeau rouge régnent encore sur nos mairies dont ils sont les secrétaires, Il faut passer par leurs soins, et leur entremise, pour la paperasserie à l’heure actuelle indispensable à tout citoyen. - Au risque d’apparaitre comme un éternel empêcheur de danser en rond, nous répéterons avec une insistance à la fois ferme et affectueuse au Maréchal : il faut faire maison nette, et balai neuf. La majeure partie du cadre des fonctionnaires est acquise encore à des idées qui ne sont pas celles du gouvernement actuel. On modère pour le moment, l’ardeur du propagandiste, mais on n’attend qu’une occasion pour revenir aux errements qui ont amené la France à « 193b » d’abord et ensuite à « 1940 ». Dans l’état actuel des choses, il suffirait de substituer un beau matin au Maréchal Pétain, M. Léon Blum, pour que celui ci retrouve aux postes de commande, la plupart des créatures qu’il a eu l’occasion d’y placer 1 Nous venons crier au gouvernement «casse-cou ». Le cadre des serviteurs de l’Etat tire à « hue » pendani que le gouvernement tire à « dia ». Comment veut-on que le char de l’Etat puisse accomplir dans ces conditions un trajet normal ? Des figures nouvelles, dans nos grandes administrations, nous n’en voyons guère. Des chefs im prégnés de l’état d’esprit du gouvernement, nous n’en rencontrons que peu, pour ne pas dire pas du tout... La radio édicte des consignes, la presse les reprend, mais le cadre maçonnique de nos fonction naires comme le veau d’or, est encore debout. Pour peu que le gouvernement le veuille, il lui sera facile de se rendre compte de l’opportunité de nos propos. On échafaude péniblement des constructions qui ressemblent par trop à des châteaux de cartes: riiomme de la loge n’attend qu’une occasion pour secouer la table... Dans le corps enseignant, les instituteurs qui ont fait la grève continuent à exercer leurs foncti ons ; les saboteurs de nos chemins de fers sont encore en place ; les gréviculteurs des P T. T. parlent toujours haut. Dans ces conditions comment veut-on refaire un état moderne, en appelant à peu près uniquement les saboteurs du pays, au soin de le restaurer ? Beaucoup de corps élus devraient être remplacés par des mandataires du gouvernement : qu’at tend-on pour opérer les changements nécessaires ? En Italie le gouvernement s’appuie sur les chemises noires, en Allemagne le parti national-so cialiste est la clef de voûte de l’édifice, en France le gouvernement accomplit la gageure d’avoir pour soutient des hommes qui le poignardent dans le dos !...