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L’Écho rochelais, 8 décembre 1886

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L’Écho rochelais
8 décembre 1886


Extrait du journal

Ceux qui ont le temps de regarder, de juxtaposer les faits et d’en composer un ensemble, ceiix-là voient pourquoi M. de Freycinet lâche toute la boutique, comme on dit en style familier. M. de Freycinet s’en va, non pas à cause des sous-préfets. Il se moque bien des sous-préfets. Il sait aussi bien que ses adversaires que les sous-préfets sont inu tiles au pays. Il sait, à vrai dire, qu’ils sont utiles au parti républicain, auquel ils fournissent des courtiers électoraux qui coûtent trois millions par an à la France. Cela, il l’a avoué avec une tranquille im pudence. Mais il n’est pas assez simple pour lier son existence ministérielle à celle de trois cent soixante bonshommes dont il se soucie comme d’une guigne. Non, il s’en va, parce que la situation n'est plus tenable, ni à l'intérieur ni à l’extérieur. A l’intérieur il se voit acculé à des réformes qu’il a promises et qu’il ne veut pas tenir parce qu’en sa qualité d’ancien fonctionnaire de l’Empire, il a sur le gou vernement des idées, des instincts qui ne lui permettent pas d’organiser l’anarchie. Il voit très bien qu’avant peu Paris possédera une mairie centrale et des clubs. C’est-à-dire les deux outils à l'aide desquels on a fait 93, dont nous célébrerons certai-. nement le centenaire infâme avant le cen tenaire de 89. Il voit très bien que la séparation de l’Église et de l’État, avec ses conséquences spoliatrices et persécutrices, n’est plus qu’une affaire de quelques mois. Il voit très bien que la caisse est vide, que les prétendues économies réalisées par la Chambre sont enfantines en face du déficit colossal créé par ses prédécesseurs et par lui-même. Il voit très bien que la solidité du crédit de la France n’est qu’en façade et qu’au moindre accident extérieur, cette grande indifférence des capitaux fait place à un affolement terrible. Il voit très bien que ses amis et lui ont amené notre système financier à un tel état de tension, que, demain, dans un mois, dans un an, sur un télégramme venu de l’étranger, on s’égorgerait devant les guichets de la Banque de France. Il voit très bien tout cela. Car c’est un homme sans caractère, mais ce n’est pas un homme sans perspicacité. Et si de l’intérieur il porte ses regards à l’extérieur, il n’est guère plus rassuré. Il entend ce qui se passe en ce moment au Reichstag allemand, ces d'scours au trement importants pour nous que les papotages de nos orateurs et que nous ne lisons même pas, parce que les journaux les donnent en petits caractères comme s’il s’agissait du prix des cotons ou des jutes. Il comprend ce que signifie le dépôt de ce projet de loi militaire allemand qui résonne comme un coup de clairon, et dont personne là-bas, ni à droite, ni à...

À propos

Lancé en 1828, le Journal commercial, littéraire et d'annonces judiciaires de La Rochelle donnait toutes les semaines des renseignements de première main sur les activités du port de La Rochelle. En 1829, il change de titre pour devenir L'Écho rochelais, mais reste fidèle à sa formule, amalgame de renseignements financiers de proximité et de bruits de couloir mondains. Le journal paraît jusqu'en 1941.

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