Extrait du journal
La semaine dernière, un père de famille nous demandait pourquoi les soldats de la classe de 1880, actuellement au Tonkin, ne sont pas encore libérés, alors que tous leurs.camarades des régiments de France et d’Algérie sont déjà rentrés dans leurs foyers. L’encombrement de nos colonnes, à la veille du scrutin du 4 octobre, ne nous avait pas permis de revenir sur ce sujet, mais il importe, cependant, que tous soient fixés sur la vraie situation de nos troupes en Orient. Il importe que l’on sache que c’est pour ne pas effaroucher les électeurs qu’on n’a osé relever aucun des corps qui sont en campagne depuis le début de la guerre. C’est de propos délibéré, pour continuer à tromper le pays, qu’on a maintenu là-bas ces bataillons, qui, décimés par les com bats, les fatigues et les maladies, sont aujourd’hui réduits à des effectifs ina vouables. Ceux qui ne sont pas tombés sous le feu des Chinois, — et il faut songer qu’un seul bataillon du 111e a, dans le seul com bat du 23 mars, perdu 8 officiers et 270 hommes, — meurent aujourd’hui de la dyssenterie ou du choléra dans les ambu lances encombrées, pendant que les der niers survivants, minés par les fièvres, qui ne pardonnent pas, languissent dans des postes malsains, sans espoir de revoir la France. Un capitaine d’artillerie, rentré du Tonkin il y a une quinzaine de jours, nous disait : < Ce qu’il y a de plus navrant, c’est l’aspect des troupes héroïques du 111e, du 23e et du 143e ; ce ne sont plus que des fantômes de bataillons ; c’est devant eux que j’ai vu pleurer Négrier, le plus rude soldat de France. > L’immense esprit de sacrifice, et le dé vouement qu’ils ont voué à leurs généraux, les soutient seuls ; mais ils n’ont plus d’illusions ; ils ont compris les calculs de nos ministres et les nécessités électorales pour lesquelles on les condamne à périr au loin ; mieux que personne, ils savent quelle inutile conquête ils paient de leur vie ; cependant, pour l’honneur du dra peau, ils donneront, sans une plainte, la dernière goutte de leur sang appauvri, et ils mourront le cœur plein de regrets pour la France et de haine pour ses gou vernants. Et l’on s’étonne, quand le général de Courcy demande à rentrer 1 Comment soutiendrait-il plus longtemps le poids d’une si terrible situation ? Il n’a plus d’armée ; avec les quelques soldats usés, exténués jusqu’au dernier souffle, qui lui l'estent encore, quelle opération pour rait-il tenter ? Près do lui, presque à sa portée, 24,000 chrétiens sont égorgés et il ne peut faire un pas pour les secourir. « Autour de lui, dit Y Avenir militaire » du 1er octobre, les Pavillons-Noirs, selon » toute apparence, des réguliers chinois, » sous le drapeau annamite, et toute la » population se pressent, comme une im> mense armée d’assiégeants. Le sang qui > vidBt d’être versé présage d’autres mas» sacres ; il n’est pas celui que le fana> tisme asiatique a«pirait le plus à répan» dre. Il n’est pas douteux que des tenta > tives se préparent contre nos garnisons^ » Quel homme de guerre, quel homme de s bon sens oserait affirmer qu’elles sont » capables de ’ soutenir longtemps la » pesée de tout un peuple ? > Et de Courcy demande des renforts, comme Courbet en demandait, comme Négrier en demandait, comme on en demande à Madagascar 1 Des renforts I Et les élections ?... La devise des opportunistes n’est-elle s toujours, comme le remarque un...
À propos
Lancé en 1828, le Journal commercial, littéraire et d'annonces judiciaires de La Rochelle donnait toutes les semaines des renseignements de première main sur les activités du port de La Rochelle. En 1829, il change de titre pour devenir L'Écho rochelais, mais reste fidèle à sa formule, amalgame de renseignements financiers de proximité et de bruits de couloir mondains. Le journal paraît jusqu'en 1941.
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