Extrait du journal

On a lu, dans Y Echo de mardi, une assez complète analyse du dernier dis cours de M. Combes à Saint-Mandé : simple chapelet de négations. Si le parti radical est bien le parti des néga tions, le parti dont les membres ne peuvent absolument pas s’entendre pour élaborer un programme positif, — le parti « des morts», comme l’appelle notre confrère de Y Eclair, M. Judet. — M. Combes est à bon droit le chef du parti radical, mais c’est là sa seule manière d’être « chef » : présider à- des négations ! M. Combes n’a jamais fait que servir les Loges et accomplir, sous les ordres de M. Waldeck-Rousseau, la besogne que celui-ci, par un reste d’élé gance, n’avait pas daigné accomplir. Le plus intéressant passage de ce dis cours sans intérêt fut celui où le grand homme de Pons jeta les socialistes par dessus bord. C’est, a-t-il dit, « sur un mot d’ordre venu de l’étranger » que les socialistes se sont séparés des radi caux. L’accusation est fort grave, et, dans un pays où l’idée de patrie a gardé encore quelque valeur, il n’est pas de pire injure à adresser à un parti par le « chef » du parti rival que celle-ci : Vous êtes à la solde et aux ordres de l’étranger ! Eh bien ! M. Combes, — qui n’a pas reculé à jeter contre les socia listes cette grave accusation, —a pour tant négligé d’expliquer pourquoi, étant au pouvoir, il a gouverné avec les socia listes et par les socialistes « Eh quoi ! » — s’écrie à ce sujet un de nos confrères, — « les auxiliaires du ministère, quand c’était M. Combes qui le dirigeait, les vrais inspirateurs de sa politique pre naient leur mot d’ordre à l’étranger, et le chef du Cabinet exécutait leurs vo lontés, sans même se demander quels étaient ceux qui les leur déclaraient ? » Et c’est M. Combes qui fait un tel aveu ! La décomposition nationale qui fut l’œuvre du ministère Combes lui fut imposée par les agents de l’étranger ; c’est de l'étranger qu’elle fit les affaires et c’est à l’étranger qu’elle put faire es pérer que la France ne comptait plus, qu’elle était mûre pour la conquête et l’asservissement. Nous en retenons l’aveu. George Bavard....