Extrait du journal

VIII. — N* 14. —’ La Mansarde. (Suite.) Les deux riches Anglaises étaient parties avec leur mère aux premiers symptômes d’un hiver rigeureux ; les cinq Américaines passaient l’hiver aussi à l’abri des frimas. Ainsi que leurs parents, c’était leur habitude de changer de climat quand la température changeait, et c’était à Naples, celte fois qu’elles devaient attendre le mois de mai pour revenir en France. Leur départ ôtait à Antonia ses leçons les mieux rétribuées... Mais il lui en était venu d’autres, et, quoique le froid rendit ses courses à Paris et dans les environs très pénibles, elle se sentait heureuse, car elle se sentait aimée et estimée, et quelquefois, dans la journée du dimanche, elle allait passer quelques heures près d’Uélèue et Valérie. Pourtant, elle n’apprit rien par elles de leur malheur, tant qu’elles purent le cacher ; mais un matin, Antonia,. prête à partir pour donner des leçons, avait vu des gens de mau vaise mine et des préparatifs de mauvais augure. Puis, son cœur eut toute la journée des pressentiments de malheurs. Quand elle .rentra, elle interrogea la concierge qui lui apprit tout. EUe courut trouver ses amies, qui étaient encore dans l’appartement sans meublés, avec un tout petit paquet de leur linge déjà vieux, et de quoi faire deux lits tninces et chétifs;.le.reste avait été vendu, et, ne sachant où aller, ellesreslaient assises sur un matelas, pendant que la tante, tout à fait insensible enjapparence à ce qui se passait autour d’elle, ks regardait sans parler, mais en poussant de temps egtemps un de ses longs gémissements douloureux si péni-...