Extrait du journal
LES DÉLATEURS On se croirait revenu au mauvais temps de la République romaine, lorsque les délateurs disposaient du sort des citoyens, et que leurs mers « étaient pleines d’exilés », selon la superbe expression du poète latin. Qu’un Ministère no veuille être servi que par ses amis : voilà qui est naturel. Mais ce qui me révolte, dit M. Albert Delpit dans le Figaro, c’est la tourbe ignoble des louches délateurs qui grouillent autour des fonctionnaires de tout rang et de toute espèce. On peut dire qu’à l’heure présente, il n’y a pas un préfet, un secrétaire général, un souspréfet, un trésorier-payeur, un général, un colonel, un percepteur, un receveur ou un magistrat, qui ne soit surveillé, espionné ou dénoncé par un ou plusieurs individus, désireux de se venger de leur prochain, ou de rendre une place vacante à leur profit. La situation a même un côté comique, dont un vaudevilliste pourrait faire bon emploi. Dans certaines petites villes, j'ai vu le sous-préfet, par exemple, devenu l’esclave de tyranneaux de bas étage. La « société » boudant le plus souvent les fonctionnaires républicains, le sou s-préfet en est réduit à la société « des purs ». Pour leur complaire, il passe ses soirées au café du Commerce, qui l’ennuie, et absorbe des boissons quelconques qui lui font mal. Le receveur s’épouvante et le percepteur frissonne. Depuis les dernières électionssnrtout les dénonciations ont pris un caractère particulier. C’est le repré sentant de l'autorité qui est rendu res ponsable du candidat républicain. Et Dieu sait si on le surveille ! Dans un chef-lieu d’arrondissement du Midi, un sous-préfet avait pris une femme de chambre. La sous-préféte s’était adressée à une de ses parentes, habitant à dix lieues de là. Elle la priait de chercher une domestique et de la lui envoyer. Celleci arrive par la diligence. Elle était a-sez jolie pour que le chef du parti radical daignât la trouver de son goût. La campa gnarde, plus honnête que délurée, envoya promener le « citoyen ». Celui-ci ne dit mot et recueillit des renseignements. Un matin, le sous-préfet vit entrer dans son cabinet le chef farouche du parti radical. — Monsieur le sous-préfet, dit-il, vous avez une domestique nouvelle à votre service ? Celui-ci commença par s’étonner; puis il répondit, ne sachant pas encore où l’autre voulait en venir : — En effet, mon cher monsieur X......
À propos
Lancé en 1828, le Journal commercial, littéraire et d'annonces judiciaires de La Rochelle donnait toutes les semaines des renseignements de première main sur les activités du port de La Rochelle. En 1829, il change de titre pour devenir L'Écho rochelais, mais reste fidèle à sa formule, amalgame de renseignements financiers de proximité et de bruits de couloir mondains. Le journal paraît jusqu'en 1941.
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