Extrait du journal

La nouvelle Question d’Orient Les événements de Chine sont la grosse préoccupation du moment. Ils arrivent à dominer l’agonie des Ré publiques sud-africaines, et on détourne les yeux, naguère uniquement fixés sur les héroïques Boers, pour envisager avec une véritable inquiétude la sauvage agression de ce qu’on appelle les Boxers. Cette agression est comme la revanche farouche de la barbarie contre la civilisa tion, de l’Orient contre l’Occident. Et n’était la grosse, la toute naturelle préoccupation que nous inspire le péril couru par les chrétiens de Chine, par nos compatriotes peut-être égorgés à cette heure, que nous serions bien obligés de reconnaître, qu’en somme, les Boxers ne sont pas entièrement dans leur tort vis-àvis de l’Europe. Si étroit que soit leur patriotisme, c’est du patriotisme. Voilà un peuple que l’Europe s’était ha bituée à considérer comme négligeable de toutes façons et dans lequel on taillait, on coupait sans se gêner, ainsi que dans un gâteau ou un melon trop mûr. Suivant son appétit ou son goût, chaque nation européenne s'en adjugeait une tran che. C’était une véritable curée. Eh bien ! ce peuple, à la ûn, a trouvé que c’était excessif, que les étrangers abu saient quelque peu de sa patience et de son apparente apathie. Sous l’encouragement secret et dissi mulé, c’est certain, de l’impératrice-mère, l’insurrection s’est organisée et a éclaté furieuse, formidable. A l’heure présente, la question se pose entre la Chine tout entière et l’Europe. Or, il ne faut pas se le dissimuler, il peut sortir, de là, des complications sin gulièrement graves. Que l’on parvienne à prendre Pékin, même à l’occuper, ce ne sera qu’une petite difficulté parmi des difficultés beaucoup plus grandes qui suivront. Car ce ne sera pas la solution. Là commenceront, au contraire, les gros ennuis d’une occupation coûteuse et pleine d’embûches quotidiennes. La Chine est un morceau un peu plus considérable que la Crète. Et on a pu voir que l'entente pour la...