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L’Écho rochelais, 24 novembre 1894

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L’Écho rochelais
24 novembre 1894


Extrait du journal

950.000 quintaux dans les seuls mois d’août et de septembre prouvent, avec une évi dence décisive, que la lutte de nos blés con tre les blés étrangers est impossible sous le régime actuel. Si, selon le vœu de M. Porteu et de ses collègues, on relevait les cours du blé de trois ou quatre francs, on hausserait le revenu d’un hectare de blé de 40 à 50 fr. Et le producteur aurait le moyen de payer l’impôt foncier et d’encaisser un léger béné fice. Relever les revenus de la terre est le moyen pratique de la sauver, cela en ma tière de blé, comme en tout autre produit du sol national. On est stupéfait de voir nos gouvernants et nos législateurs piétiner avec une aveugle obstination dans l'impasse où ils ont acculé notre régime économique. La semaine dernière on a voté un léger relèvement du droit sur les mélasses étran gères, puis un relèvement du droit sur les raisins secs et autres fruits sucrés alcooli sa blés. Le tout dans l’intérêt des produc teurs de vin du Midi. Soit. Nous voulons tous que la viticulture méridionale fasse ses affaires. Mais ayons la même sollicitude pour les producteurs de blé. Il y va de l’avenir de la nation. Que le relèvement du droit actuel sur les blés soit urgent, on le reconnaît, mais on nous objecte qu’il peut devenir excessif et nous exposer à des disettes. Nous répon dons de nouveau que le droit sur les blés doit être révisable et varier suivant les variations d'une production annuelle de première nécessité qui va, suivant les an nées, de 70 à 125 millions d’hectolitres. Nos pères avaient sagement conclu de cette situation à la nécessité d’un droit va riable. Le régime de l’échelle mobile eut, il est vrai, le tort de soumettre à de trop fréquentes révisions le tarif douanier sur • les blés. Mais c’est bien à tort qu’on a ac cusé ce régime des disettes qui eurent lieu pendant son fonctionnement. Les disettes avaient pour cause d’abord l’insuffisance delà production générale, puis les difficul tés des communications, et la lenteur et les frais élevés des transports. A cette époque il fallait six mois pour acheter et importer la cargaison de blé d’un navire d’Odessa ou d’Egypte. Il fallait quinze jours pour amener cent hectolitres de grain de Mar seille dans l’Est ou même dans le centre. Voilà quelles étaient les causes des disettes. Or qu’avait de commun cette situation avec celle d'aujourd’hui ? Aujourd’hui avec un télégramme on fait venir en dix jours vingt cargaisons de blé de New-York et en quatre jours vingt cargaisons d'Odessa. En vingt quatre heures un marché du centre peut être approvisionné par les entrepôts de Marseille ou de Dunkerque. En une heure les transactions s’opèrent d’un point quel conque à l’autre de l’univers. Les statisti ques de tous les Etats signalent chaque jour les besoins des uns, les excédents des autres, et les cours du jour de partout. On voit combien est dénuée de raison l’objec tion qui allègue les difficultés de la situa tion de la culture et du commerce il y a cinquante ans. La vérité est qu’en France le blé coûte plus cher à produire que dans tout autre pays des deux mondes....

À propos

Lancé en 1828, le Journal commercial, littéraire et d'annonces judiciaires de La Rochelle donnait toutes les semaines des renseignements de première main sur les activités du port de La Rochelle. En 1829, il change de titre pour devenir L'Écho rochelais, mais reste fidèle à sa formule, amalgame de renseignements financiers de proximité et de bruits de couloir mondains. Le journal paraît jusqu'en 1941.

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