Extrait du journal

Une importante réunion des chefs du parti radical a eu lieu ; l’accord s’est fait sur la ligne politique nouvelle à suivre. - Comme con sécration du pacte conclu, et dont le premier article est la constitution d’un nouveau cabinet, les choix suivants ont été arrêtés : M. Brisson, Ministre de l’Intérieur et Prési dent du Conseil. M. Floquet, garde-des-sceaux, Ministre de la Justice. M. Lockroy, Ministre des Beaux-Arts. M. de Lanessan, Ministre du Commerce. La présidence de la Chambre serait assurée à M. Clemenceau. Jeudi, le mariage religieux de LL. AA. RR. le prince Waldemar et la princesse Marie d’Orléans a été célébré au château d’Eu. M. Grévy, considérant l’importance qu’ont prise les affaires coloniales depuis trois ans, a exprimé l’opinion que la création défi nitive d’un ministère des colonies s’imposerait à bref délai, surtout dans le cas où le Parle ment n’admettrait pas encore la nécessité de placer des ministres civils à la tête des dépar tements de la guerre et de la marine. La première séance de la Chambre des députés sera présidée par M Daniel Lamazière, député républicain de la HauteVienne, doyen d’âge, qui prononcera le dis cours d’usage. L’Alliance républicaine des comités radicaux et progressistes de la Seine, présidée par M Tolain, a décidé de constituer une association politique permanente. Les comités électoraux conservateurs ont également décidé de maintenir leur organisa tion . La commission de recensement de la Seine a proclamé élue la liste républicaine, telle qu’elle a été donnée. M. Allain-Targé tient la tête avec 289,000 voix ; M. Clemenceau, deuxième, 284,-000 ; M. Rochefort, dernier, 249,000. ,% M. Lockroy a l’intention de convoquer une réunion plénière des députés républicains, afin d’arrêter les questions à discuter pendant la législature actuelle. Le résultat des délibérations serait soumis à M. Brisson. Le conseil de cabinet s’est occupé de la question de politique générale, surtout de l’attitude à adopter concernant la politique coloniale, notamment au Tonkin. Les clubs. — La monstrueuse alliance qui, au scrutin de ballottage, a uni les autori taires de l'opportunisme aux radicaux, était nécessairement, fatalement, la soumission des premiers aux seconds, et qu’il fallait s’attendre au triomphe prochain des doctrines radicales. Les organes les plus autorisés de l’opportu nisme nous donnent, dés aujourd'hui, la preuve de celte triste vérité. Voici ce que nous lisons, ce matin, dans la République française : « Ce qu’il faut, c’est une action générale, incessante et coordonnée,que l’association poli tique seule, de quelque nom qu’on l’appelle, cercle ou club, nous permettra d’entreprendre... » Nous pensons donc qu’un des premiers soucis de la législature nouvelle doit être d'ajouter aux libertés dont nous jouissons déjà la liberté d’association... Ce dernier mot (les clubs) ne nous effraie pas. Un club permanent, organisé, ayant une sorte de personnalité civile, nous parait infiniment plus respectable qu’une bruyante réunion publique... C’est par des associations, maîtresses chez elles et rayonnant sur teut le pays, que les diverses fractions de la démocratie arriveront à former des partis sérieux. » Sérieux, peut-être, mais, à coup sûr, redou tables, imposant leurs volontés aux pouvoirs publics et capables de tout. L’opportunisme ne perd pas de temps pour donner des gages au radicalisme. Nous voici déjà aux clubs. A quand la Convention et la Commune ?...