Extrait du journal
Aurons-nous un budget en l’an de grâce 1913? La question est posée maintenant, et nul n’ose formuler un pronostic. Voici quinze mois écoulés depuis le dépôt du projet et treize mois depuis que l’examen en commença à la Chambre en séance pu blique. Or, à l’heure actuelle, en dépit de tous les expédients, de tous les ajourne ments de dépenses, de toutes les dissimu lations, le déficit ostensible, patent, est de 73 millions. Et il laut le combler. Le ministre des finances présente des propositions, d’ailleurs pour la plupart stupéfiantes autant que dangereuses. La Commission du budget les repousse, et nous l’en féliciterions si elle n’obéissait à tout autre chose qu’à des scrupules finan ciers, à la crainte de mécontenter un grand nombre d’électeurs quelques mois avant les élections générales. Elle trahit, d’ailleurs, naïvement cette crainte en ajoutant qu’elle s’en remet au ministre du soin de se débrouiller. En vérité, le trait est des plus plaisants. Voici une Commission dans laquelle, théoriquement, ont pu entrer les hommes les plus compétents de tous les groupes. Elle a pour mission de collaborer avec le ministre au bon aménagement des finances publiques. Les membres de la minorité lui parlent-ils de réaliser des économies en supprimant les écoles sans élèves et les fonctionnaires inutiles ? Elle relu se avec indignation : le gaspillage, pour cause électorale, fait partie des principes intan gibles du radicalisme au même degré que la laïcité. Le ministre réclame-t-il alors des impôts nouveaux? La Commission sa refuse à les voter, et le pince-sans-rire de Cochery, qui la préside, répond avec dé sinvolture que la Commission préférerait un remaniement essentiel de quelques-uns des impôts existants. Formuler une telle proposition, à la fin de juin, alors que le budget est en retard de plus de six mois ! alors que le budget de 1914 ne peut être déposé avant la pro mulgation de la loi de finances de 1913 1 alors que les Chambres ne peuvent aller en vacances sans avoir voté les quatre contributions préalablement à la session des Conseils généraux et ne peuvent en être saisies aussi longtemps qu’elles n’en auront pas terminé avec le budget en cours I Nous sommes en pleine folie, — une folie coûteuse dont le contribuable paiera les frais. Si Von ne recourt à l’impôt pour payer les sottises et les prodigalités intéressées de messieurs de la gauche, il faudra em prunter,— car en dehors de ces deux voies, on n’en a point encore imaginé d’autre pour se procurer de l’argent. Le ministre s’en défend. Comment échappera-t-il à la solution, simple autant que dangereuse, d’eflectuer un prélèvement encore sur le compte du Trésor ? Nous aurons l’emprunt pour 1913. Il ne paraît point possible que nous évitions les impôts nouveaux pour 1914. Le radicalisme expirant aura, en cette législature, donné toute la mesure de sa malfaisance. (Libre Parole.) * ** Nous aurons, bien entendu, un septième de ces douzièmes qu’il sera désormais in décent d’appeler provisoires, puisqu’ils sont perpétuels, de par l’incapacité parle mentaire. Gela signifie que les Chambres vont voter, nécessairement à l’aveuglette, une tranche du budget de l’année 1913, la tranche du mois de juillet... De mémoire de parlementaire, on n’avait vu cela. Or, le vote du budget, c’est-à-dire l’ap probation des dépenses et des recettes na tionales, a été la besogne primitive, et pour ainsi dire unique, des Parlements, et il est demeuré, en tous pays, leur tâche essentielle, élémentaire, plus urgente...
À propos
Lancé en 1828, le Journal commercial, littéraire et d'annonces judiciaires de La Rochelle donnait toutes les semaines des renseignements de première main sur les activités du port de La Rochelle. En 1829, il change de titre pour devenir L'Écho rochelais, mais reste fidèle à sa formule, amalgame de renseignements financiers de proximité et de bruits de couloir mondains. Le journal paraît jusqu'en 1941.
En savoir plus Données de classification - henriette
- hollande
- jean qui
- guilpin
- reinach
- deslinière
- montebello
- j. dufour
- cochery
- paris
- rouen
- angers
- mans
- henriette
- france
- niort
- caen
- nantes
- cholet
- la république
- agence havas
- commission sa
- eclair
- conseil supérieur de la dé
- chambre des communes
- commission
- conseil d'etat