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L’Écho rochelais, 27 juin 1885

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L’Écho rochelais
27 juin 1885


Extrait du journal

La bourrasque politique" qui a soufflé à tra vers l’Europe durant ces dernières semaines et à laquelle nous avons dû les crises minis térielles qui ont soudainement éclaté en Angle terre, en Italie et en Espagne, est en train de s’apaiser. On a vu, en Espagne, une chose curieuse, ce qui n’est point merveille en ce pays. Le roi don Alphonse, insouciant du danger et n’écoutant que la générosité traditionnelle de sa race, voulait aller Visiter les provinces de son royaume cruellement éprouvées par une violente épidémie. Mais le roi d’Espagne est un roi soumis au régime parlementaire. Quand ses ministres ont connu sa résolution, ils lui ont représenté que sa santé était médiocre et que sa démarche allait, avec sa personne, mettre l’Etat en péril, et ils l’ont menacé, s’il persévérait dans sa résolution, de donner leur démission. Les ministres du roi d’Espagne nous parais sent avoir commis, en cette occasion, une lourde faute ; ils ont évidemment oublié que dans les temps où nous vivons, on ne peut restaurer et maintenir les dynasties qu’avec des princes qui font preuve de courage, qui poussent l’amour du bien public jusqu’à la plus complète abnégation, et au besoin jus qu’au sacrifice de la vie. Nous croyons donc qu’en empêchant le roi d’Espagne de suivre l’inspiration de son cœur, qui le poussait à aller consoler et réconforter par sa présence les populations des provinces ae Valence et de Murcie, si cruellement éprouvées par le cho léra, ils lui ont donné un mauvais conseil. La démission dont ils ont menacé le jeune souverain est retirée et le Ministère est conso lidé ; mais c’est, sans qu’ils l’aient voulu ni prévu, aux dépens de la dynastie. En Italie, la crise ministérielle n’est point encore close, mais elle touche visible ment à sa fin. Le vieux ministre Depretis va, selon toute vraisemblance, refaire un ministère dont M Mancini, le ministre impopulaire, ne fera point partie ; et le Ministère italien diffé rera du précédent à peu prés comme bonnet blanc de blanc bonnet. En Angleterre, la crise ministérielle a été plus importante et plus sérieuse. Après des négociations laborieuses entre whigs et tories, entre M. Gladstone et le marquis de Salisbury, le ministère conservateur, c’est-àdire tory, est enfin constitué officiellement et investi par la Reine du gouvernement. C’est aujourd’hui qu’il doit se présenter devant le Parlement. Il nous faut attendre les déclarations et les actes du ministère tory avant de pouvoir apprécier sa politique ; mais il est évident que son avènement apporte dans les affaires euro péennes un élément nouveau. La Russie prend déjà vis-à-vis de lui une attitude réservée et presque édifiante, qui ne promet point un achèvement facile de la convention relative à l’Afghanistan. Nous ne savons pas encore 3utile sera sa conduite dans les affaires 'Egypte et vis-à-vis de nous. La presse répu blicaine officieuse croit pouvoir affirmer que le marquis de Salisbury et ses collègues sont animés des meilleurs sentiments à l’égard de la France. Nous avons besoin d’autres assu rances pour être rassurés. Mais, encore une fois, il faut attendre les déclarations et les actes du nouveau Ministère. A Le Journal officiel publie un décret prési dentiel portant que notre représentant en Tunisie aura désormais le titre de résident général et relèvera du ministre des affaires étrangères. Ce résident aura sous ses ordres les troupes de terre et de mer et tous les services admi nistratifs. En principe, il aura seul le droit de corres pondre avec le gouvernement de Paris. Nous n’avons rien à objecter contre une attribution de pouvoirs aussi étendus, pourvu que la personne choisie pour les exercer pré sente les garanties voulues. Ainsi, mettre sous les ordres d’un civil les forces de terre et de mer pourrait donner lieu aux plus graves incidents. Nous savons, par l’exemple de M. Albert Grévy en Algérie,...

À propos

Lancé en 1828, le Journal commercial, littéraire et d'annonces judiciaires de La Rochelle donnait toutes les semaines des renseignements de première main sur les activités du port de La Rochelle. En 1829, il change de titre pour devenir L'Écho rochelais, mais reste fidèle à sa formule, amalgame de renseignements financiers de proximité et de bruits de couloir mondains. Le journal paraît jusqu'en 1941.

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