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L’Écho saintongeais, 14 février 1932

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L’Écho saintongeais
14 février 1932


Extrait du journal

Paix et désarmement sont actuellement, plus que jamais, à l’ordre du jour Une des personnalités qui ont suivi les études et les discussions de Genève depuis les débuts de la Société des Nations, M. Jean Réveillaud, a bien voulu écrtre sur la PAIX un article pour « L’ÉCOLE COOPÉRATIVE », organe corporatif de l’Enseignement primaire, d’où nous l’avons extrait. COMMENT GARANTIR LA PAIX ? Le a février prochain, va s’ouvrir à Genève la Conférence sur la limi ta lipn et la réduction des armements. La grande controverse entre ceux qui ont foi dans la valeur absolue du désarmement et ceux qui mettent au premier plan le besoin de sécu rité continuant de nation à nation cl d’individu à individu, il importe de faire un effort en vue de rechercher un terrain pratique susceptible de permettre à cette conférence, si impatiemment attendue par les peuples, ue porter des fruits. Pour notre part, sans méconnaître la grande force rayonnante qui émane de 1 idée de paix, nous n’hésitons pas à poser en principe que, dans létal de transition actuel entre le monde ancien et le monde nouveau, il faut, sous peine d’encourir des risques terribles, puisque toute erreur se traduirait par la mort de millions d hommes, asseoir la justice interna tionale sur un système de sanctions qui assure, eu tout état de cause, le dernier mot à la collectivité des nations pacifiques. L’épreuve des trois derniers mois nous paraît fournir à cet égard une démonstration éclatante. Lorsque, le 20 septembre ig3i, est parvenue la nouvelle que le Japon, grande puissance ayant un siège permanent au Conseil de la S. D. N. et qui s était jusqu’alors classée, en toute occasion, comme un des soutiens les plus fermes de l’institution de Genève, avait fait entrer des contingents armés dans Moukden, afin de contraindre la Chine à « respecter les traités », pourquoi l’Assemblée, qui siégeait à ce moment, jouissant du prestige que lui valent les 55 Etals qui la composent, n’a-t-cllc pas évoqué le conflit ? Pourquoi — le Japon continuant à pousser scs soldats — s’eslelle séparée quelques jours après en s’en remettant au Conseil du soin de suivre le différend ? Et pourquoi ce dernier, où siègent les hommes d’Etat les plus avertis, dont certains ont donné des gages éclatants de leur volonté d organiser la paix, a-t-il, après un essai infructueux, renoncé à imposer au Japon un délai pour l’évacuation de scs troupes, (pii n excluait pas, cela va sans dire, l’examen des points soulevés par ce pays ? il n’est que de lire les déclarations du Président cl des membres du Conseil, fournis à titre de commentaires de la résolution du 10 décembre dernier, pour comprendre ù quel point le Conseil de la S. D. N. dût user de ménagements et que ce 11’est pas de gaîté de cœur qu’il s’est vu con traint de recourir à des détours pour s’efforcer d’amener l’apaisement, toute 1 affaire n a pu être traitée que sous la fiction que les coups de canon échangés, les bombes lancées des avions, les combats eux-mêmes avecleurs victimes étaient de simples « menaces de guerre » et non pas un recours à la guerre » ! Ainsi, le Conseil sc trouvait a obligé » à ne chercher qu’un « règlement amiable », sur la base de l’art. 11 du Pacte, qui requiert un vote unanime incluant celui des deux parties en litige. D’où la possibilité d’expliquer que, si le Conseil n’a pas fixé de délai au Japon pour qu’il ramène scs troupes dans leurs lignes de départ, c’est parce qu’il se trouvait en présence d’un « cas d’espèce » et qu’il fallait « rechercher une solution de conciliation et de compromis ». Grâce à celle précaution, les principes au moins demeurent préservés pour l’avenir : « sauf le cas d’une disposition expresse des traités en vigueur, le Pacte de la S. D. N. n’autorise pas un Etat, quelque fondés ]ue soient ses griefs à l’égard d’1111 autre Etal, à les faire prévaloir par d’autres méthodes que les méthodes pacifiques indiquées à l’art. 12 », 1 pu déclarer le Président. 11 n’en demeure pas moins que l’Assemblée d’abord, le Conseil ensuite ont dû renoncer à faire accepter par le Japon ce « principe fondamental », de crainte de s’engager dans une impasse cl de compromettre, peut-être irrémédiablement, l’autorité de la S. D. N. Et, cependant, jamais Conseil n’avait été dans une situation morale supé rieure, jouissant, d’une part, de l’autorité sans égale de son président, Aristide Briand, renforcé, d’autre part, par l’adjonction temporaire d’un représentant des Etats-Unis ! A dire vrai, celte dernière présence, qui fut, saluée avec joie, n’est peut-être pas tout à fait étrangère au choix de la direction qui devait conduire à une « solution empirique ». Ce n’est pas que le Pacte, auquel le président Briand a pu amener les Américains en 1928, soit moins net au sujet du « principe fondamental » ci-dessus énoncé que le Pacte de la S. D. N. Suivant immédiatement la condamnation solennelle portée contre la guerre dans l’art. 1, l’art. 2 du Pacte de Paris précise que : « les Hautes Parties contractantes reconnaissent (pie le règlement ou la solution de tous les différends qu conflits, de quelque nature ou de quelque origine qu’ils puissent être, qui pourront surgir entre Elles, ne devra jamais être recherché que par des moyens pacifiques ». Seulement, aucun article subséquent 11’a prévu ce qu’il adviendrait si une des Hautes Parties sc dérobe à ses solennels engagements. 11 11c s’agit pas d’une omission. « Le Pacte ne contient aucune sanction directe ou indirecte », déclare le rapport officiel présenté au Sénat des Etats-Unis. El comme, pour éclaircir ce point, le sénateur Reed demandait si le Pacte de Paris impliquait l’obliga tion de le maintenir, il reçut une réponse négative de M. Borali ; insistant alors, le même sénateur demanda : « Par conséquent, nous ne sommes pas obligés d’aider une nation qui serait l’objet d’une agression et nous pourrions faire le commerce avec un Etat agresseur ? » M. Borali répondit : « Oui ». Veut-on un deuxième commentaire ? « Si un Etat quelconque violait le Pacte de la S. D. N. et le Pacte de Paris, serions-nous le seul pays qui ne serait pas obligé de réagir ? », demande le sénateur Johnson. « Oui », répond M. Borali. Si déprimantes que semblables réponses puissent apparaître à des esprits français épris de logique et allant d’un trait aux conclusions nécessaires, il faut néanmoins sc rendre compte de cette position pour réaliser les difficultés qui assaillent ceux que l’on a nommés plaisamment a les gar dions de la paix », lorsqu’ils ont à régler un conflit comme celui qui vient de sc produire et pour déterminer la voie dans laquelle il convient de s’engager pour l’avenir. Point de sanctions ont répété les Américains lors de la Conférence navale de Londres de cette année... tout au plus la mise à l’étude d’un « pacte consultatif », assurant la réunion autour d’une table des signa taires du Pacte de Paris, si surgit une menace pour la paix. Qu’il v ait là un germe de progrès possibles, nous sommes loin de le méconnaître, mais que ces conversations doivent permettre, dans tous les cas, d’assurer le règne du droit, de garantir l’observance des « principes fondamen taux », d’écarter, les solutions « d’espèce », nous venons d’exposer nos motifs de n’v pas croire absolument et nous espérons que les veux des amis de la paix finiront par s’ouvrir de l’autre côté do I’AH*tlique comme do celui-ci. La participation des Etats-Unis est* en effet, essentielle pour permettre...

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Lancé en 1875, L'Écho saintongeais était un quotidien régional implanté à Saint-Jean-d'Angély. Il sera publié jusqu'en 1941.

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