Extrait du journal

Dans ces heures graves, où la conscience gémit sous l’étreinte d’une angoisse, où la raison même s’inquiète, dans la terreur d’être un instant débordée et de n’aller plus vers l’horizon inconnu que comme une épave désemparée, il est un livre que je rouvre avec piété, parce qu’il fut conçu dans le tumulte des choses sociales, et qu’il porte en ses pages inspirées le reflet de tous les enthousiasmes et de toutes les illusions d’un âge, que l’éloignement commence à installer définitivement dans l’immobilité calme de l’histoire: ce livre, c’est celui de Lamennais, les Paroles d'un, croyant. Je n’y cherche pas un symbole de foi ; je ne lui demande pas l’expression mystique d'une religion: j’y puise, dans la splendeur du verbe, dans l’éloquence, parfois sublime, de la pensée, dans l'image éclatante d’un rêve idéal, la sérénité nécessaire à l’esprit pour se ressaisir....