Extrait du journal

Il y a eu samedi cent cinquante ans que Wolfgang Mozart naquit àSalzbourg.On alité pompeusement en pays de langue allemande cet anniversaire, et, à cotte occasion, les biographes et les journalistes d’outre-Ithin n’ont pas manqué de rééditcrlcs diverses anecdotes plus ou moins ignorées^! us ou moins aulhenti(jues,qui courent sur le compte du génial musicien. On a décrit l’aube de son talent si précoce; on a rappelé les tierces que, tout enfant, il s’amusait à chercher sur le clavecin, l’effroi que lui inspirait alors le son de la trompette, la délicatesse d’ouïe qui lui permettait déjà de distinguer qu’un violon était accordé un quart de ton trop bas, et sa première composition musicale, qu’il écrivit à l’Age de cinq ans et que son père déchiffra en riant d’abord au gribouillasse naïf des premières lignes, puis en versant des larmes a’orgueilleuse tendresse. On a raconté ses glorieux voyages à travers l’Europe, son séjour à Versailles, où il fut choyé par les sœurs de Louis XV, et où il s’écria, comme Mme de Pompadour lui retirait sa main ; « Pourquoi cette dame ne veut-elle pas m’embrasser? L’impératrice m’a bien embrassé! » Et on 1 a suivi d effort en effort, de succès en succès, jusqu au jour où un mystérieux étranger vint lui commander ce Requiet, qu’il commença, hanté de mornes visions et de pressentiments funèbres et que la mort lui permit à peine d’achever....