Extrait du journal

Hirsute, la bouche grimaçante, fendue en coup de sabre, Camille Pelletan, voûté, la tète dans les épaules, sa main gauche paralysée derrière le dos, traversait en bougonnant les couloirs du Palais-Bourbon, lorsque je le vis pour la première lois. Les paroles qu’il murmurait entre ses lèvres l'impressionnaient sans doute vivement, car son corps s'agitait, marquant l’approbation un la désapprobation du discours qu’il était seul à entendre. Notre orateur s’apostrophant soi-même avec un peu trop de véhémence, assujettissait de temps à autre sur son nez, d’un geste impulsif, le binocle qui le chevauchait si maladroitement qu’il glissait à chaque dodelinent de la tète. Dans la faune parlementaire, Camille Pelletan figurait l’ours à merveille....