Extrait du journal

Morey connaissait un bon patriote, qui, si le coup devait réussir, ferait bien les frais. C’était un de scs camarade ; de la Société des Droits de 1"Homme, chef d’une section faubourg SaintJacques, établi épicier faubourg Saint Antoine, ri0 1, en plein centre révolutionnaire. il s’appelait Pépin ; c’était un petit bourgeois envieux, timide comme un lièvre, mourant de peur de se cor promettre, sans pouvoir résister par gloriole à la vanité de se mettre en avant, avide de distinctions et d honneurs, et qui se- flattait de devenir mieldie cli6.se dans la République, si ses bons amis des sociétés secrètes, sur les ruines d’une révolution sans duperie, l'y instauraient. Certes, il ferait les frais, en épicier bardant sur les bois du châssis et tâchant d’avoir les fusils Mins ionise délier. 11 avait quelques amis, condamnés détenus à Sainte-Pélagie, entre autres Godefroy Cavaignac. 11 l'alla cuir avec une permission, le trouva dans Je préau de cette prison débonnaire et lui dit sans ambages, sachant à qui il parlait : « Un homme que je connais doit tirer sur le roi à sa première sortie : pour réussir dans son projet, il a besoin de vingt-cinq fusils. Pourriezvous les faire remettre ? ». Godef-oy Cavaignac lui répondit, tant une telle proposition n’avait, aux yeux de ces $ urs jacobins, rien qu de naturel : « Si je peux vous les procurer, je vous le ferai dire. » 11 ne lui fit rien dire. Mais Pépin avait assis sur celte réponse ses vastes espoirs. « Les patriotes sont avec nous, confia-t-il à Fieschi : nous serons plus de 3,000 à vous soutenir et à proclamer la République. »...