Extrait du journal

Les soldats qui vont à Madagascar frais et bien portants reçoivent, pendant leur séjour à Marseille, une ration dont la va leur est double de celle qui est servie aux malades qui en reviennent. Un bon Ramollot a dû faire la remar que que les fiévreux n’ont pas d’appétit et qu’il n’était que juste de faire des éco nomies sur la quantité sans améliorer la qualité. Les « volontaires » couverts de fleurs au départ, bourrés de provisions et de friandises, doivent s’apercevoir que dans les expéditions le commencement seul est agréable. D’après le journal le Temps, une com pagnie du génie de 225 hommes, chargés de faire la route jusqu’à Suberbicville, n’avait plus que 26 hommes debout à l’arrivée. La statistique annonce qu’il y a dans les armées 3 décès pour 1,000 hommes en Allemagne et 6 pour 1,000 en France. On s’extasie sur cette faible mortalité, comme si toutes les mères de famille ne savaient pas qu’on se hâte d’envoyer leurs enfants mourir à la maison, quand ils ont attrapé la fièvre typhoïde à la caserne, en buvant de l’eau pourrie ou en man geant de la viande gâtée, la seule que les bouchers patriotes consentent à fournir pour le prix qu’on leur paie. La défense nationale, autour de Paris, a des exigences à nulles autres pareilles :...