Extrait du journal

Mes lecteurs me sauront gré de leur mettre sous les yeux ce passage remar quable et terrible, et dans sa précision, et dans sa conclusion, du rapporteur de la Commission de l’Armée : « Je comprends pour un gouverne ment deux attitudes ; ou un gouverne ment qui dit : Tous les bouillonnements de J a démocratie me gênent : n’écrivez pas, ne parlez pas, méfiez-vous, taisezvous ! Ou bien un gouvernement qui dit : Je m’accommode de toutes les in tempérances de langage propres à la démocratie, mais je prends toutes les forces morales de cette même démo cratie et je les fais concourir à la Défense nationale. « Mais ce que je ne comprends pas, c’est un gouvernement qui veut une tribune silencieuse, tandis qu'autour delà représentation nationale s’élèvera un concert d imprécations libres, mais savamment concertées, tandis qu’oii grossira à plaisir un incident que M. le Président du Conseil, qui connaît la réunion publique, aurait pu, mieux qu’un autre, réduire à ses justes propor tions. «Ainsi donc une demi douzaine de personnes, parce que les hasards d’une société d’actionnaires les auront mises à la tète d'un grand quotidien, pour ront, tous les matins, donner des con seils au Gouvernement d'une plume libre : mais le simple député, mais l’élu de ceux qui se battent, de ceux qui meurent et qui veulent vaincre, verrait échopper sa pensée, sa volonté. « Messieurs, quel est ce jeu, qui le mène, et où veut on en venir ? »...