Extrait du journal

DEPUIS la libération, les journaux français étaient contraints d’utiliser un format minuscule. A toutes les demandes de papier, le gouvernement opposait un refus, pré textant l’indigence des stocks, ce qui était faux. C’est uniquement pour des raisons politiques qu’on a voulu étrangler la seule presse de la Résistance, tandis que le Monde, journal des trusts, successeur du Temps, pouvait paiaître grand format. Il ne fut donné aucune suite aux offres faites par la Suisse de nous livrer 18.000 tonnes de papier par an. La raison ? Le gouvernement chargea le sieur Freysal, directeur du trust du papier français, de torpiller l’initiative helvé tique. Aidé par son complice suisse Karl Thill, Freysal réussit pleinement l’opération. Le même Freysal fut chargé de repousser une offre anglaise sous prétexte que l’industrie française du papier pourvoyait largement à la consommation nationale. Hors, nous apprîmes récemment la décision du gouvernement de permettre et d’aider la création de deux cents douze quotidiens nou veaux dont aucun n'a paru dans la clandesti nité ! Une telle manœuvre, destinée uniquement à fournir aux trusts les moyens d’empoisonner l’opinion, fournit une fois de plus la preuve que le gouvernement tourne le dos au peuple. C’est pourquoi les journaux représentés à la Conférence Nationale de la Presse, les 22 et 23 Août, ont pris la décision de paraître sur grand format. Le lendemain, le ministre de l’Information capitulait. Mais une menace nouvelle pèse sur la presse patriote. Après l’attentat perpétré contre un quotidien de Reims, l'Union, sommé de dis paraître dans les 48 heures pour céder la place à Est-France, journal du Comité des Forges, ce qu’il refusa, c’est maintenant notre confrère les Allobroges qui est en danger. On lui im pose la cohabitation avec l’ancien Petit dau phinois de l’hitlérien Besson, toujours en liberté....