Extrait du journal
Leur premier souci fut de réaliser une affaire commerciale et non de sauvegar der les intérêts de la commune ; faire payer aux contribuables l’éclairage pu blic qui nous coûte 12.000 fr. par an pour garantir à des actionnaires dont ils fai saient partie un placement lucratif de leurs capitaux, telle fut leur seule préoc cupation. On lia la ville pour 70 années, mettant ainsi les municipalités futures, que la pofiulation ouvrière aurait pu envoyer à 'hôtel de ville, dans l’impossibilité de rompre ce contrat monstrueux qui allait priver trois générations de leur liberté d’action. Supposez qu’à cette époque, où l’idée socialiste n’existait pas, il y ait eu un Conseil municipal ouvrier, croyez-vous que les choses se seraient passées ainsi ? Non, allez ; ne réfléchissant pas du tout au côté mercantile de l’affaire, des tra vailleurs auraient tout simplement tenu ce raisonnement simpliste. La somme de 10.000 francs que va payer la ville à la Compagnie pour son éclairage publie peut suffire pour gager un emprunt de 150.000 francs, montant des frais d’installation de l’usine à gaz. Avec le produit do l’éclairage vendu aux particuliers il y a de quoi rémunérer le personnel et assurer à la commune un joli revenu qui trouvera dans le budget communal un meilleur emploi que dans la poche des capitalistes. Et les ouvriers, armés de leur simple bon sens, auraient lait l’installation du gaz par la commune. Comme, à cette époque, le pouvoir central, émanation du capitalisme, n’était pas encore prémuni contre les idées subversives qu’on a dé couvert plus tard dans le collectivisme, la chose se serait faite sans difficulté, comme dans beaucoup d’autres endroits, et il est probable qu’à l’heure actuelle la ville ne paierait rien du tout pour son éclairage public et tirerait encore des ressources de son entreprise. A Oyonnax, pareille inconséquence a été commise, plus cynique encore, car la ville a dû payer les frais d'installation de ses eaux, qui ont ensuite été concédées à une Compagnie financière avec laquelle un grand dadais gonflé d’orgueil et de va nité a passé un contrat qui ne permet même pas à la commune de se plaindre, alors qu’à cette époque déjà presque tou tes les communes socialisaient leur ré gime des eaux. Qu’on prenne maintenant une simple question de voirie. Dès que l’on connut, à Saint-Claude, l’emplacement de la gare, quo les travaux furent même commencés, il convenait de prendre un alignement qui établisse une avenue large et spacieuse où se combine raient le goût de l’art, du beau, avec les nécessités hygiéniques de salubrité et d’aération qui doivent toujours être pré vues dans la construction d’un quartier neuf ; on devait même imposer aux cons tructeurs de maisons dans cette avenue un plan d’ensemble auquel ils auraient été tenus de se conformer, tant pour l’har monie et la symétrie extérieure des mai sons nouvelles que pour la disposition intérieure des logements selon les règles de l’hygiène. Au lieu de cela, qu’a-t-on fait? Pendant qu’entre propriétaires, même conseillers municipaux, on s’arrachait les indemni tés, s’enrichissant des deniers publics dé pensés pour l’utilité générale, d’autres propriétaires, prévoyant de nouvelles cu rées, construisaient des maisons à l’em placement même où devait normalement se tailler l’avenue, escomptant d’avance la démolition et l’expropriation de leurs immeubles à peine achevés. Puis enfin, des ingénieurs qui auraient dû prévoir cela, plutôt par simple rancune contre l’audacieux propriétaire, détournent l’a venue, la brisent irrémédiablement pour ne pas avoir à démolir une seule maison. Plus tard encore, quelques conseillers ouvriers prennent la détermination de réparer la bévue dans la mesure du pos sible. Chacun connaît ce fameux débat de l’avenue de la Gare qui aboutit à la dis solution du Conseil municipal en 18U3. La tentative échoua, grâce à la trahi son de l’homme-canon et pour la simple fantaisie d’un gros propriétaire qui, au jourd'hui, se moque un peu de tout cela, puisqu’il va peut-être quitter SaintClaude, mais n’en aura pas moins été l’unique mobile de tant de luttes où les interets généraux auront été sacrifiés sans profit, même individuel. Et il en est de tout comme cela ; de puis quinze ans, des nouveaux quartiers tout entiers se sont construits sans que jamais l’administration communale songe à prévoir, et, lorsque c’est fait, on cons tate que les rues sont trop étroites, que les constructions sont déplorables au point de vue de l’ensemble ; pour rétablir l’harmonie, il faudrait frapper d’aligne ment des constructions qui viennent d’être faites. Voilà ce qui se produit tous les jours. On construit des maisons avec l’unique souci du rapport, de l’intérêt du capital engagé ; on n’a aucun souci du côté ar chitectural, de la salubrité des logements....
À propos
L'Éclaireur de l'Ain était un journal hebdomadaire de tendance socialiste publié à Oyonnax. Il cessera de paraître en 1951.
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