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L’Éclaireur de l’Ain, 12 janvier 1946

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L’Éclaireur de l’Ain
12 janvier 1946


Extrait du journal

IL y eut quelques belles journées à la Chambre des Députés. Ce furent celles où Socialistes et Communistes, formant un bloc impressionnant, se dressèrent pour défendre la laïcité et pour soutenir le Ministre de l’Agriculture, défendant l’Union paysanne. C’est pour nous chaque fois un grand réconfort de ne plus nous trouver seuls pour la défense des libertés républicaines. Qu’on le veuille ou non, il semble que certains propagandistes du OUI-OUI, si c’était à refaire, ne seraient plus du tout partisans de la loi du 21 octobre. On ne dira jamais assez combien ont eu raison les Communistes en dénonçant par avance les néfastes conséquences de l’adoption de ce texte. Nos camarades socialistes en ont fait récemment encore l’expérience déce vante, et chaque fois que l’Assemblée veut aller plus avant, dans la voie des réformes voulues par le pays, il suffit d’un mot du Président du Gouverne ment, pour rappeler aux représentants du peuple que leur souveraineté a des limites. Ecrire cela, le dire aux Français, ce n’est pas se servir d’arguments de mauvaise foi, c’est tout simplement dire la vérité. Par ailleurs, nous regrettons profondément que les travaux de la Commission de la Consti tution donnent des résultats si peu conformes à ce qu'attend le pays. Nous nous dressons et nous dresserons toujours, contre les décisions de la majorité de cette Commission qui prétend inclure dans la Constitution LE VOTE OBLIGATOIRE, LE STATUT DES PARTIS, qui n’est autre que la main-mise de l’Etat sur les organisations du peuple, en bref l’étatisation des partis politiques d’abord et par suite une atteinte des plus graves aux libertés de pensée et d'action. Et puis, il faut le dire nettement, nous ne sommes plus les seuls aujourd’hui, à regretter que Socialistes et Communistes ne soient pas EN PERMANENCE d’accord sur tous les problèmes, mais seulement par éclipses. Qui ne voit que, derrière le M. R. P. dans lequel se trouvent des catho liques sincères et résistants, se cache l’aile avancée de la Réaction aux ordres directs du Vatican ? Qui ne comprend pas, maintenant que l’Hitlérisme et le Fascisme sont militairement battus mais que leurs racines ne sont pas encore extirpées, que c’est derrière le Vatican que se rassemblent les débris des forces réactionnaires vaincues ? Est-ce par hasard que Franco, ce dernier criminel hitlérien, est soutenu par Rome au moment même où partent de Rome les campagnes anti soviétiques les plus acharnées ? Il fallait à la Réaction un autre visage pour tromper le peuple. Elle s’est en grande partie infiltrée dans le Mouvement Républicain Populaire. De temps à autre, le masque tombe. Il est tombé lors du débat sur l’Agriculture, quand, au nom de la Liberté syndicale, réactionnaires connus et M. R. P. ont tenté de diviser les paysans en combattant la C. G. A. Spontanément, Socialistes et Communistes se souvenant du rôle joue par la C. G. A. dans la lutte contre l’oppresseur, se sont unis pour faire échec aux tentatives réactionnaires des hommes du M. R. P. et d’extrême droite. L’Assemblée prenait alors sa vraie figure, celle que nous voudrions toujours lui voir et que pour m» p*rt j’espère lui voir avant la fin des sept mois. jwj. - Ce souhait est d’ailleurs conforme à celui de nombreux Socialistes uni taires. C’est pour cette raison que nous espérons fermement que les réunions du Comité National d'Entente Socialiste et Communiste oui a repris ses travaux, seront suivies de résultats heureux dans tous les domaines. En définitive, le peuple a exigé des Socialistes, Communistes et Répu blicains qui forment la majorité, qu’ils fassent une Constitution progressive. Une telle Constitution ne peut être l’œuvre que des Socialistes et Com munistes unis et non pas celle d’une majorité parlementaire M. R. P. appuyée trop souvent à notre avis par nos camarades socialistes. Il est temps de comprendre ces choses pour agir selon les volontés du Peuple et pour le renforcement de la Démocratie. Henri BOURBON....

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L'Éclaireur de l'Ain était un journal hebdomadaire de tendance socialiste publié à Oyonnax. Il cessera de paraître en 1951.

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