Extrait du journal
Considère, ô peuple, le nombre des frères italiens morts récemment sous les halles de l’année pour avoir com mis le crime horrible et impardonnable d’avoir faim et de réclamer du pain, tu ouvriras alors de grands yeux. Ils sont tous morts sous le sabre de leurs fils ou de leurs frères, sous les coups des brutes qu’ils nourrissent et engraissent de leur sang, eux, les pro létaires qui mangent des racines et l’écorce des arbres (1) pour ne pas suc comber. Quelle bravoure ont déployée les lâches bataillons de soldats contre de misérable femmes tombant d’inanition! Quel courage et quelle force d’âme ont ces êtres sanguinaires dénués de tout sens moral pour tirer en riant sur leur mère et leur sœur en haillons, tor turées par la_ souffrance et criant la faim ! Peut-être si ces créatures malheureu ses et pitoyables avaient eu entre les mains quelque arme dont elles eussent pu se servir, les raillants bouchers natumaux eussent montré, comme ils l’ont fait maintes fois durant leur funè bre campagne d’Abyssinie, que leurs jambes sont en meilleur état que leur esprit... Mais, il n’y a rien à craindre de femmes années simplement de leurs faibles bras... et les couragetur sauva ges tirent et tuent. Allez, tigres éhon tés, buvez jusqu’à la dernière goutte le sang de vos pères ; oiseaux de proie, battez de vos ailes sinistres sur leurs cadavres, dévorez, mutilez, outra gczles, peut-être par votre noble conduite aurez-vous bien mérite de la j/alrie. C’est d’une manière aussi sanglante que se passeraient chez nous les choses si le même cas se présentait, et ceci est prouvé par la conduite de notre année à Fournîtes et en beaucoup d’autres endroits. Ht c’est pour que la « Patrie » fasse naître de pareils instincts dans le cœur de nos enfants que nous les lui donnons! C’est pour mourir sous loin6 coups que nous tiuuz > bons le manger de la bouche » comme dit l’expression populaire, et que nous leur fournissons des milliards ! C’est, pour notre perte que nous donnons notre argent ! Nous payons la « Patrie » pour qu’elle veuille bien vivre, faut-il donc encore la payer pour qu’elle veuille bien nous faire mou rir ? U monde, où en es-tu ! où donc sont tes temps oii les hommes sortis à peine du sein de la nature vivaient ivres de liberté et de bonheur ? Pourrons-nous les revoir ces heureux jours ? Tu doutes, ô peuple obstiné? Oui, nous le pouvons, si nous voulons. Mais une chose te manque, c’est la volonté et cepen dant c’est là qu’est ton bonheur. Toi, tu l’attends sans bouger, pensant qu’il viendra -ans que tu fasses d’efforts; souvieris-loi donc de cette parole de ton poète Eu g. Pottier : On n 'obtient que ce qu’on arrache. Debout, peuple, pour le bonheur général de l’humanité. Tu veux la liberté? Prends-la. Tu veux du pain ? Prends-en à ceux qui t’ont dépouillé; mais mont re à tes bourreaux : l’année et la bourgeoisie, que tu méprises, leurs moyens sanglants. Travailleurs, mûris sez vos desseins et quand vous serez en force et en nombre, faites une grève générale pour 1e bonheur de vos frères et le vôtre. Henri BALDANEIS. (1) En Sicile....
À propos
L'Éclaireur de l'Ain était un journal hebdomadaire de tendance socialiste publié à Oyonnax. Il cessera de paraître en 1951.
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