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L’Éclaireur de l’Ain, 13 octobre 1895

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L’Éclaireur de l’Ain
13 octobre 1895


Extrait du journal

Le Socialisme sera décentralisateur La décentralisation est une réforme politique, non économique. Elle n’est pas la solution du problème social, mais elle la faciliterait. D’abord, nous n’aurions point un seul lieu d’expérience, mais autant que de groupes locaux. Et cette variété, outre qu’elle multiplie l’intérêt, nous semble une condition indispensable de la bonne solution. En effet, les conditions économiques ne sont pas les mêmes dans toute la France, et si ce sont elles qui décident de l’organisation peut-il y avoir une même organisation pour tout le pays? Admet trions-nous que des régions dominantes se substituassent aux classes dominantes pour décider du système social ? Laissez Roubaix, tout le Nord, pour suivre leur idéal, mais n’espérez point le faire accepter de la lumineuse Provence. Ne pensez pas qu’une ville de cent mille âmes se satisfasse du même statut qu’une ville de cinq cents. Les Sociétés locales, c’est-à-dire la province, le département, la commune, sont des syndicats comme toutes les autres entreprises collectives qui se donnent pour objet les intérêts professionnels, le commerce, les sciences, les lettres ou même le plaisir. Chacune de ces agrégations morale ou locale a ses traits distinctifs, ses besoins propres, ses caractères qui, agissant d’une façon particulière, lui imposent sa forme néces saire. Nous voulons la décentralisation pour que l’Etat, qui n’est qu’un de ces groupements, ne prétende pas inspecter et ordonner tous les autres, mais nous serions également choqués si telle forme sociale, parce qu’elle convient à certaines régions, devait être imposée à la fédéra tion entière. Au groupe seul il appartient de s’or ganiser, spontanément, selon la libre initiative des individus qui le composent. C'est en respectant les agrégations, en les laissant libres de s’ordonner selon leurs affinités et leurs besoins, sous un statut de leur invention, que la décentra lisation réconciliera ces deux termes : individualisme et collectivité. Dans la série indéfinie des nuances de la fédération française, chacun de nous trouvera son milieu sympathique. Dans ces collectivités libres, constituées par la seule volonté des contractants, le moi enfin échappera à la contrainte impérative et aux multiples combinaisons si ingé nieuses de nos lois, en même temps qu’il trouvera la satisfaction de ses très réels sentiments de solidarité. Nous ne deman dons rien à la vie que la libre expansion du moi, aujourd’hui en esclavage, et audessus de qui, pourtant, rien ne doit être admis. Le socialisme, s’il n’était pas décentra lisateur, ne serait que le transfert de notre société actuelle aux mains de nou veaux dirigeants, tout au plus une nou velle législation. Et pour nous résumer, nous affirmons — avec Proud’hon (car il n’est pas mauvais de prendre ses pré cautions quand on apporte quelque lu mière dans ces forêts seches de la philo sophie sociale) — nous affirmons que « celui qui dit socialisme et ne dit pas fédération ne dit rien ». Barrés...

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L'Éclaireur de l'Ain était un journal hebdomadaire de tendance socialiste publié à Oyonnax. Il cessera de paraître en 1951.

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