Extrait du journal
M Ribot n’a pu se dispenser, à la fin de son discours de Bordeaux, de tourner un petit couplet contre les socialistes. Qui donc, juste ciel, a jamais songé à accuser M. Ribot d’effacement ? Il a éprouvé le besoin de dire, à chacune de ses phrases, qu’il n’était pas un homme effacé, un ministre effacé. Il va à Kiel saluer le spoliateur de la France ; mais ce n’est pas de l’effacement. 11 engage la France, en Extrême-Orient, dans une aventure qui aurait pu aboutir à la guerre et où nous n’avons été mêlés que pour complaire à d’autres : ce n’est pas de l’effacement. Nous sommes tout prêts à dire que c’est là de la fierté et de la fermeté : il suffit de s’entendre sur le sens des mots. M. Ribot, qui, lui, paraît-il, est un véritable homme d’Etat, reproche aux socialistes < le vide de leur rhétorique ». Il déclare que nous aurions diî apporter un programme de gouvernement. A la bonne heure ! nous ne sommes pas dé cidément une quantité négligeable, et M. Ribot nous ouvre d’un grand geste les portes du pouvoir. Il nous permettra de lui répondre qu'il est bien mal informé et qu’il a la mé moire bien courte. Quand le maire de Bordeaux et M. Ribot après lui, disaient : < Moins d’interpellations et plus de travail utile », ils oubliaient tous deux que, sur les neuf interpellations qui sont à l’ordre du jour de la Chambre pour la rentrée, il n’y en a qu’une qui ait été déposée par les socialistes ; et encore c’est la plus pratique de toutes ; c’est celle de M. Ohassaing, médecin, sur le fonctionnement de l’Assistance publi que. Et puis, est-ce que ce n’est pas la politique de réaction suivie depuis dixhuit mois qui a gaspillé le temps de la Chambre? Est-ce que la discussion de la loi scélérate, si dangereuse et si vaine, n’a pas absorbé de nombreuses séances ï Et maintenant, n’est-ce pas M. Ribot lui-même qui, en déposant le projet qui supprime le droit de coalition pour toute une catégorie de travailleurs, prépare au Parlement les plus longs et les plus irritants débats ? Il en a si bien le sentiment qu’il n’ose plus en presser la discussion ; il voudrait bien laisser dormir d’un sommeil définitif la loi ab solument folle qu’il a proposée ; elle est maintenant, pour le ministère, comme ces chats enfermés auxquels on n’ose plus ouvrir de peur qu’ils ne sautent à la figure de celui qui ouvre. Et, s’il était vrai, comme le dit M. Ribot, que nous n’avons pas déposé, nous, des propositions de loi, s’il était vrai que tout notre effort a dù se dé penser à défendre les libertés publiques menacées, à organiser la résistance ouvrière à des projets tyranniques, à abattre les puissances insolentes qui ralliaient contre la République toutes les forces de la réaction, oui, si cela était vrai, nous serions bien excusables. Dès le début de cette législature, un cri de guerre a été lancé contre nous, et on se scandalise maintenant que nous n’ayons pu tout ensemble combattre et légiférer t On se scandalise que nous songions surtout maintenant à arrêter par une énergique propagande la loi Trarieux qui entame toutes les libertés syndicales ! La plaisanterie est un peu forte. Mais la vérité c’est que, tout en nous défendant, tout en combattant, tout en...
À propos
L'Éclaireur de l'Ain était un journal hebdomadaire de tendance socialiste publié à Oyonnax. Il cessera de paraître en 1951.
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