Extrait du journal

LA j^EG I E Un cultivateur, habitant une commune rurale, déménageait pour aller habiter une autre commune. Il avait dans sa cave deux pièces de cidre, 20 litres de vin sur lesquels il avait payé les droits, 55 litres de cidre tourné en vinaigre, 40 centilitres d’eau-de-vie et 50 centilitres d’eau-de-vie contenant des prunes. Il envoie son fils à la recette buraliste voisine, distante de deux ou trois lieues peut-être, prendre un papier de régie qui s’appelle un passavant et qui coûte 50 centimes. Ce papier pouvait s’appli quer à tout ce que le cultivateur avait chez Jui. Il n’a pas songé à parler du cidre tourné en vinaigre, des 20 litres de vin, des 40 centilitres d’eau-de-vie et des 50 centilitres qui étaient dans le bocal de prunes. Cela ne lui aurait pas coûté plus cher s’il avait fait la déclaration complète. Il ne parlait que des deux pièces de cidre. En cours de route, on rencontre un em ployé de la régie qui fait quatre procès, et le malheureux a été traduit en police correctionnelle devant le tribunal du Mans, le 21 juin. Savez-vous ce qui s’est passé à l’au dience ? L’avocat de la régie fait comprendre qu’il y a là un préjudice très grave porté aux recettes des contributions indirectes, qu’on a déclaré du cidre, qu’il y avait du vinaigre ; car il y a un droit sur les vi naigres. Mais le président du tribunal in terrompt et dit : « Mais je suis fort étonné de l’apprendre ; bien des honnêtes gens et des mieux posés ont dû frauder daus ces conditions. » Et savez-vous ce que le délinquant a fait pour sa défense ? Il aurait pu deman der au tribunal de l’acquitter, étant don née sa bonne foi. Pas du tout ! En homme prudent et avisé, il a procédé d’une autre manière. Il a dit au tribunal : « Condamnez-moi, et même n’y mettez pas trop d’indulgence, parce que si vous aviez le malheur de m’acquitter ou de...