Extrait du journal
Le Sénat a commencé, la semaine dernière, la discussion de la loi sur les accidents du travail. Il n’y a guère plus de quinze ans que le projet navigue du pont de la Concorde au jardin du Luxem bourg. Aussi, au début même des débats, le ministre du commerce demanda, dans la candeur de son âme, que le Sénat voulût bien déclarer l'urgence, à seule fin de faire l’économie d’une délibéra tion et d’arriver plus vite au vote défi nitif. Sur quoi, à la voix émue d’un de leurs collègues, les Pères conscrits ont, comme un seul homme, refusé de suivre les indications d’un gouvernement si éminemment révolutionnaire et main tenu les deux délibérations. C’est toujours au moins quelques mois de gagnés avant le vote par le Sénat d’un projet qui, naturellement, ne sera pas conforme à celui de la Chambre et devra, par suite, y retour ner. , * e C’est le refrain classique : Si cette histoire vous amuse (bis) Nous allons la (ter) recommencer. Et on la recommence. Notre délicieux Sénat ne s’est pas contenté de décider que pour élaborer une loi aussi parfaite que possible, deux délibérations lui étaient nécessaires. Après toute une séance, occupée à discuter le premier article, la grave assemblée a abouti à la décision de le renvoyer à la commis sion, pour plus ample étude. Ces deux détails suffisent à préciser dans quel esprit le Sénat aborde l’exa men des modestes réformes sociales qui ont pu, à grand’peine, recevoir le baptême de la Chambre. Elles lui sont par avance suspectes, et il ne recule devant aucun moyen, di rect ou détourné, pour en retarder le vote ou plutôt la mutilation. En nommant sa commission de finan ces qui sera chargée d’étudier le bud get de 1896, il vient de marquer, avec plus de netteté encore, ses intentions réactionnaires. Sous couleur de réaliser des écono mies, il entend mettre à la porte du budget toute réforme d’apparences so ciales qui, naturellement, se traduit par une dépense. Il reprend à son compte, avec plus d’âpreté que jamais, le programme fis cal qu’il y a quelques mois M. Loubet faisait acclamer par ses collègues, et afficher sur les murs de toutes les communes de France. Il entend, pour résumer d’un mot son attitude, se poser en assemblée de ré sistance. Ce n’est pas nous qui nous en plain drons. Seulement, il convient qu'aucune équivoque ne subsiste. Si le Sénat en tend barrer la route au vote de toutes les améliorations sociales, libre à lui. C’est son affaire. Mais ce serait trop commode que la majorité de la Chambre et le gouver nement puissent continuer à s’abriter sous cette opposition systématique pour ne réaliser aucune des réformes par eux promises, sauf à en rejeter la res ponsabilité sur l’assemblée du suffrage restreint. Il ne suffit pas, comme l’a fait l’autre jour le ministre du commerce, de de mander, du bout des lèvres, l’urgence d’une loi sociale, puis après avoir été...
À propos
L'Éclaireur de l'Ain était un journal hebdomadaire de tendance socialiste publié à Oyonnax. Il cessera de paraître en 1951.
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