Extrait du journal

Au milieu des hontes de l’heure pré sente, il est, pour nous autres socialistes, un belle consolation et un perpétuel réconfort. La marche victorieuse de la démocratie socialiste internationale se poursuit sans interruption dans le monde entier, et les échecs partiels de notre parti apparaissent tout à fait insignifiants dans ce mouvement irrésistible du prolé tariat conscient et organisé vers les desti née grandioses que lui réserve l’évolution historique. 11 y a à peu près un mois, le parti socialiste français recueillait près d’un million de suffrages; hier, nos braves camarades du Parti ouvrier belge voyaient leurs forces s’accroître de plus de cent mille nouveaux adhérents, enfin, c’est aujourd’hui le grand parti démocratesocialiste qui, entré drapeau rouge déployé dans les 307 circonscriptions électorales de l'empire allemand, remporte sur toute la ligne une magnifique victoire. Dans le camp bourgeois, la consterna tion est générale et le Temps et les Débats sont obligés de reconnaître que seuls les socialistes sortent victorieux de la lutte. Les socialistes ont dès maintenant 30 des leurs d’élus, sur 101 résultats connus, quelques uns, comme notre ami Liebknecht, par des majorités formidables. Dans plus de 60 circonscriptions les ballottages sont favorables à nos camara des. Les villes de Lubeck, Dresde, Flzehœ, Stuttgart sont conquises par la classe ouvrière allemande organisée en un seul grand parti économique et politique do classe. Un des efforts les plus intéressants était celui que nos amis tentaient dans les pays annexés, dans cette Alsace-Lorraine où le souvenir des luttes nationalistes semblait devoir à jamais étouffer la cons cience de classe des travailleurs. Eh bien là, comme partout, le résultat est admi rable. Bueb repasse à Muljiouse avec plus de 5.000 voix de majorité; à Metz, le citoyen Jean Martin met en ballottage le député clérical sortant, Pierson; à Gueb viller, le citoyen Meyer, groupe près de 4.000 votes contre 5.780à l’abbé Gueber. A Strasbourg enfin, pour vaincre le parti des sans-patrie, les cléricaux indi gènes n’ont pas craint de s'allier aux impérialistes immigrés, et leur candidat, M. Riff, s’intitulait candidat de tous les partis de l'ordre. Elle est bien oubliée, la revendication des annexés ! En présence de la classe ouvrière révoltée, bourgeois alsaciens et bourgeois allemands ont su s’unir sans hésitations aucunes : il y a là une nouvelle et éclatante démonstration de cette thèse si souvent défendue par les socialistes, à savoir que le patriotisme des bourgeois ne pèse pas lourd lorsqu’il y a dans l’autre plateau de la balance les intérêts de classe de cette bourgeoisie....