Extrait du journal

Nous avons dit que l'état de plainte est le plus naturel à l’homme, et que, par un curieux phénomène • psychologique, les plaintes se produisent avec le plus de vivacité dans les industries et dans les temps qui sont prospères. L.- métier de cocher de fiacre est un dur métier, qui demande une forte charpente, une vigoureuse poitrine ; mais c’est un métier qui, comme on dit, nourrit son homme. Sauf les averses et les coups de soleil auxquels ils sont exposés, les cochers de nacre ne paraissent pas avoir beaucoup à se plaindre de leur sort : ils jouissent d’une relative indépendance; ils semblent bien nourris et en bon état: ils estiment eux-mêmes à l francs par jour le prix de leur nourriture, c’est-à-dire au double de la dépense que font pour cet objet la généralité des ouvriers français. Le métier de cocher de fiacre est. d’ailleurs, très recherché, et si. comme on le verra plu- loin, le Conseil municipal n’y mettait toutes sortes d’obstacles, on pourrait avoir dans Pari- moitié plus de fiacres qu’il ne s’y en trouve dan- ce moment. .Mai- le Conseil municipal de Paris, singulièrement inspiré, tient à ce que la profession de cocher de fiacre devienne presque lib.' profession fermée et il repousse, par des examens d’une sévérité ridicule, la moitié environ des candidats qui voudraient entrer dans cette carrière que les gens de la campagne envient....