Extrait du journal
Pauvre Turgot, qui se flattait de supprimer les privilèges industriels et commerciaux! Voici que nous possédons une sorte d’anti-Turgot, qui est l’honorable M. Waldeck-rousseau. Le privilège, .créer des privilèges, c’est à cela qu'aboutit le mouvement social inauguré avant 1789 par le célèbre édit de 1776. Il s’agit des associations ouvrières et des industriels qui ont institué chez eux la participation aux bénéfices. Ces organisations ingénieuses. utiles dans de certains cas et dans des mesures diverses, ont leurs admirateurs, ce qui est naturel et légitime; elles ont même leurs fanatiques et leurs sectaires, ce qui est naturel encore, mais ce qui doit mettre les gens raisonnables sur la réserve. Oui, il y a des fanatiques et des sectaires de la participation aux bénéfices et de l’association ouvrière. Ces vertueuses personnes s’imaginent qu’elles vont renouveler le monde, et comme presque tous les réformateurs elles ne comptent pas exclusivement sur la prédication, la persuasion, l’action du temps. Elles veulent y joindre un procédé commode et sommaire, la contrainte. Les associations ouvrières et les organisations industrielles à participation aux bénéfices donnent des résultats merveilleux, dit-on; mais si l’on puisait dans les poches de l’Etat, c'est-à-dire des contribuables, pour aider discrètement ces entreprises, les résultats seraient plus merveilleux encore. Si, en outre, l’Etat n’admettait aux adjudications, — à certaines pour le moment, on n’ose pas dire à toutes, on le dira demain seulement, non pas autourd’hui,— si l’on n’admettait, dis-je, à certaines adjudications que les associations ouvrières et les patrons qui pratiquent la participation, combien les résultats déjà merveilleux deviendraient de plus en plus merveilleux! A côté de ces hommes de foi en proie à une naïveté innocente viennent se placer des intrigants habiles et des farceurs solennels, qui sous couleur de philanthropie rêvent, d’extorquer à l’Etat quelques subventions et d’écarter par la force et l’exclusion légale leurs concurrents industriels....
À propos
L’Économiste français est un hebdomadaire ayant paru à partir de 1873. Il est lancé par l’économiste libéral Paul Leroy-Beaulieu, reprenant le titre d’un journal ayant existé entre 1862 et 1870 sous la direction de Jules Duval. Inspiré du Economist anglais, le contenu porte principalement sur l’actualité économico-financière faisant du journal une publication incontournable dans le milieu des affaires français. Le dernier numéro date du 30 juillet 1938. Fragilisée par d’importants problèmes financiers, la rédaction doit mettre un terme à la publication du journal.
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