Extrait du journal

bien volontiers que « les enfants d’Al sace-Lorraine » ont été dépouillés de leurs biens et qu'au lendemain de la guer re, ils ont pu se trouver dans une situation des plus précaires, comme bien d’autres victimes; mais, après trente-huit ans ils ont dû s’adapter à leur nouveau milieu, se faire à leur nouvelle vie. — Mais ils ne possèdent aucune ri chesse ; ils n’ont que leurs quatre membres pour travailler, ils sont souvent atteint par le chômage; ils sont dans la misère ! — Est-ce que leur origine y est pour quelque chose. N’y a-t-il pas sur toute la France des milliers et des milliers de pro létaires totalement dépossédés? qui n’ont jamais connu d'autre perspective que celle 3 être toute leur vie durement exploités? qui souffrent régulièrement du chômage et de la faim ? Sont-ils moins dignes d'atten tion? — Mais il s'agit moins des victimes directes de la guerre que de leurs descen dants. Et les enfants de tous ceux qui atten dent le pain de la famille du bon plaisir d'un patron, de tous les lock-outés. de tous ceux que 1 usine exténue, que la rolice as somme et que Clemenceau sabre et fusille sont-ils quantités négligeables? Non vraiment, le masque humanitaire ne parvient pas à dissimuler l’intention canaille ,qui est de pousser les esprits celui de l’enfant et celui des parents qui donnent l’argent, à un chauvinisme hai neux, à un patriotisme agressif. C’est un complément à la propagande infecte de !a grande presse. Ah ! certes, les Lorrains ont été victi mes d'un coup de force ; mais qui joue risque de perdre et le perdant est mal venu de se plaindre. Or, la guerre n’est pas autre chose qu’un jeu de hasard ; jeu ignoble il est vrai, mais jeu quanti même, jeu de princes. Il serait curieux de con naître l'attitude de tous nos grands -atriotes si. au lieu d'être écrasés, les Français avaient été vainqueurs. Us auraient vrai semblablement agi avec l'Allemagne, comme l’Allemagne a agi envers la France et nos patriotes trouveraient d’excellentes raisons pour se justifier. Loin de tirer de cette guerre une idée de vengeance, les peuples doivent y trouver une leçon de fraternité nécessaire et de sentiment de haine pour leurs gouvernants, qui les ont trompés et cherchent toutes les occasions de le faire encore. Enfin, on ne peut pas nier que le but de cette souscription soit d’une malhon nêteté révoltante, quand on songe à tous les coups de force dont les races préten dues inférieures, ont été victimes de la part des peuples, soi-disant civilisés. Qui oserait comparer les abus commis en France par les Allemands vainqueurs, aux abus commis par les Européens et généra! et les Français, en particulier en Afrique, en Asie et ailleurs? Si Messieurs les professionnels du pa triotisme étaient sincères .s'ils avaient pour la « Patrie » tout le culte qu’ils veu lent dire ils commenceraient par respecter la Patrie elle-même. Au moins qu’ils n’essayent pas d’ino culer leur démence aux enfants ou qu’ils parlent un peu aussi des .victimes qu’ils ont faites, qu’ils fassent un cours d’histoire plus complet ! Après avoir exposé tout au long leurs griefs contre l’Allemand vain queur. qu'ils ajoutent que, dans un autre pav s. le Maroc, on vole, pille, viole, in cendie et tue sur une très grande échelle, au nom de la France ! Qu'ils ajoutent, pour que l’enfant ouïsse juger sainement, qu’en 1870 les deux champions luttaient à peu près à forces et armes égales ; tandis qu’au Maroc, les Français, avec des armes très oerfectionnées, exterminent un peuple désarmé. Mais ce complément ne doit pas rentrer dans l’exposé de - motifs de la souscrintion. C’est pourquoi nous considérons cette œuvre comme des plus malhonnêtes Qu’un valet de l’autoritc la préconise, passe encore, mais que des instituteurs soient assez inconscients pour en prendre l’initiative dans leur classe, cela défasse l’imagination. A TC H....