Extrait du journal

Dans les cérémonies, les galas et les fê tes, il y a généralement une chose inévita ble qui constitue un point sombre dont chacun prend son parti : ce sont les dis cours officiels. Naturellement, la VIII” Foire-Exposition de Bourges ne devait pas être exempte de cet inconvénient... Mais, hélas, la gaieté de cette fête n'eut subi, au fond, aucune altération, si le mau vais temps ne s’était mis de la partie. Et quel temps ! Dès la journée d’inaugu ration, vendredi dernier, un vent violent et froid, soufflant par bourrasques, s’éleva, une bise aigre d’hiver sale... Cela dura jus qu’au Dimanche matin. L’après-midi, vers quinze heures, le vent céda la place à une pluie fine, par instants torrentielle. Et cette fête où tous les éléments de l'en train, du rire, de la bonne humeur étaient assemblés, fut coupée court. Quel triste et mélancolique spectacle que celui de cette fo.ule indécise et surprise, ne sachant plus quoi faire, errant par menus paquets, de ces musiciens accompagnés de leur famille, rebroussant chemin, leurs instruments de cuivre sous le bras, de ces centaines d’au tos démarrant les unes à la suite des autres, vers le gîte... C’était comme une démonstration fata liste de l'inanité de l’effort humain. Ainsi, tant de gens s’étaient dépensés pour la réussite de cette fête, de ce con cours de musique, réjouissance populaire par excellence, et la nature inclémente anéantissait tout cela ! Au long des rues, les sapins ornés de roses en papier étaient balancés avec furie par la tempête, des guirlandes jonchaient le sol. piétinées par les passants... Et vous, braves gens de la rue Mirebleau, de la rue d’Auron, de la place des Marronniers, de nos chaussées pitto resques et de nos carrefours, vous qui vous étiez, la veille, donnés tant de mal, voila (pie le fruit charmant de vos efforts était comme anéanti ! Est-il donc vrai qu'à cette époque mau dite la franche joie, s’étalant librement sous le ciel bleu, n’est plus permise, et que la nature elle-même unit sa puissance aux démons infernaux du capitalisme pour ne plus permettre qu’on s’amuse ici-bas......