Extrait du journal

La manifestation était terminée — c'est dans un journal ultra modéré que j’ai lu cette expression — et les travailleurs commençaient à se diriger vers la gare de Villeneuve-St-Georges, lorsqu’ils se virent entourés de cavaliers, cuirassiers et dragons, qui venaient de quitter leurs positions de bataille. A 500 mètres environ du hangar de la réunion la route est coupée par le rem blai de la ligne du chemin de fer de Lyon ; la route, seul passage pour aller à la gare, forme un tunnel sous la ligne. Or, ce pas sage était gardé par la troupe qui, exécu tant un mouvement tournant, bloquait la foule sur la route et en plein champ. J'ai vu l’endroit : à gauche un chaume et à droite un champ de luzerne. C'est là que les manifestants jusque-là pacifiques ont été chargés et refoulés vers le remblai qu’ils furent obligés d'escala der pour échapper au massacre. Traqués comme des fauves, quelquesuns tirèrent des coups de revolver, et ce fut ensuite la bataille à travers la rue de a République de Villeneuve, jusqu à la place de la gare où fut tué Marchand. En tout 7 morts et plus de 50 blessés du côté des manifestants. Du côté de la troupe quelques blessu res insignifiantes, sauf pour un capitaine qui avait reçu une bai e dans l'épaule. La gendarmerie n'avait pas donné ou presque ; son capitaine, un homme de sang-froid a reçu une blessure légère au menton. De cet attentat prémédité contre le pro létariat. une consolation reste, c'est que certains cuirassiers n'ont pas voulu tirer et qu'ils ont fraternisé avec les travail leurs; c'est qu'un bataillon de zouaves qu'on avait appelé n'a pas été employé parce que des murmures significatifs se sont fait entendre parmi eux. Cela prouve que les soldats cessent de plus en plus d’être des instruments dociles entre les mains de la réaction bourgeoise, contre la classe ouvrière....