Extrait du journal

O. de Mélisse. O. de Mélisse est un type dans le genre de Nicolas. Il fait de plus fort en plus fort, et se surpasse lui-même en chaque occasion qui lui offerte de manifester sa qualité dominante, qui est, comme nul ne l’ignore, la prudence poussée à ses der nières limites. L’autre soir, il était installé à une ter rasse avec quelques compagnons. Deux consommateurs viennent s’asseoir à la table voisine de la sienne, et se mettent à tenir sur son compte, à voix très haute, des propos forts désobligeants. O. de Mé lisse — il y a des /grâces d état — est par fois très dur d’oreille. Il n’entendait rien. Mais ses camarades entendaiet pour lui, et l'un d’eux l’avertit charitablement qu’on venait de le qualifier plutôt durement. Cette fois il ne pouvait être question d’hésiter; la galerie était là; l’honneur commandait des représailles immédiates. O. de Mélisse se leva.- et d’une voix qui tremblait — de fureur, assurément, et non de frayeur : — Il parait, Monsieur, que vous venez de me traiter de malhonnête homme? — Moi? fit l’autre, de malhonnête homme?... Pas le moins du monde : j’ai dit que vous étiez une canaille, voilà tout. — Ah! bon... bon... murmura O. de Mélisse; c’est tout ce que je voulais sa voir. Et il se rassit....