Extrait du journal
Les charretiers, chartfllons, cavemiers, ceux qui s’occupent des chevaux, travail lent et couchent avec eux, tout juste s’ils n’y mangent pas. Le lit consiste en quatre morceaux de bois soutenus les uns aux autres par des planches disjointes et quelques autres planches clouées dans le fond, ce qui forme une espèce de grande caisse où 1 on entasse une grande quantité de paille, sur la paille une grandie poche bourrée de balles de blé ou d’avoine, des draps et une couverture plus ou moins déchirée, quelquefois même pas du tout. Le tout est placé dans l’écurie à côté des chevaux, encombré par les harnais de toutes sortes. Ce lit sert même de dé barras pendant le jour, ce qui fait que la servante doit attendre le soir pour que ces débris soient en place afin quelle puisse faire le lit — ou les lits — car i'1 y a souvent tous les lits des domestiques à l'écurie. Il faut la voir, précipitée par la pa tronne d’un côté, invectivée par ses frères de misère de l'autre, soit par jalousie entre eux ou du patron, toujours est-il que les lits, difficiles à faire, sont encore plus mal faits, puis l'on se couche après avoir traîné clans les guérets toute la journée, éreinté de fatigue, et le lende main on se réveille de très bonne heure ; bien sûr, on s’est reposé, d'une manière, mais 011 s'est fatigué de l’autre. Cela, camarades, nous le savons tous, mais ce n’est pas pour vous l’apprendre que je l'écris, c'est pour prouver combien nous avons raison de nous syndiquer, car au moins si nous étions nombreux nous serions fons et nous exigerions que cela change. Pour les charretiers, il faut que les lits soient à proximité des chevaux, très bien, mais on peut coucher dans une chambre propre qui correspondrait dans l’écurie sans sortir dehors, ce qui, d’ailleurs, existe déjà. Quand les écuries sont très faciles à tenir propres et qu’elles y sont tenues, cela vient un peu de là ; on peut encore y tenir, mais dans la plupart le purin coule sous le soi-distant lit. Çà et là dans l'écurie, il y a des trous remplis de purin ; il y a même des écuries que les chevaux, en se ruant la nuit, envoient du fumier dans le lit; d’autres font pire : ils sc recu lent assez loin, quoiqu attachés, pour fienter dans le lit. c’est dégoûtant sous tous les rapports, les punaises vous dé vorent. la gale y est assez fréquente, les souris, les bats vous courent sur la gu la nuit. Dans certains endroits, quand le loge ment manque, on fait coucher les petits, comme les vachers, bergers, marmitons, dans des vieilles étables ou dans les va chères où c’est encore plus sale, ou en core dans les lits superposés les uns audessus des autres, ce qui1 est une misère pour les plus faibles, car il se trouve des jeunes hommes qui sont sans pitié et qui abusent de leur force, « c’est que pour monter à ce lit, il lui faut une échelle »; veut-il monter, l’autre le fait tomber; veut-il descendre, il n’a plus d’échelle; c’est ce qui ne devrait pas exister entre nous, camarades. Au con traire, donnons l’exemple de la fraternité et dans le Syndicat nous l'y trouverons. Isidore MORAND....
À propos
L'Émancipateur est un hebdomadaire socialiste publié à Bourges à partir de 1906. Il paraît clandestinement sous l'Occupation, puis disparaît en 1952.
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